QUEBÉC - Les groupes anti-pauvreté demandent au gouvernement Charest de hausser les impôts pour bonifier de plusieurs milliards de dollars le filet social.

A l'approche d'un budget qui s'annonce austère, le Collectif pour un Québec sans pauvreté plaide pour que l'Etat ouvre toutes grandes les vannes des dépenses pour soutenir, selon son évaluation, plus d'un million de Québécois vivant dans des conditions misérables.

En outre, l'Etat-employeur et les entreprises doivent faire montre de plus d'ouverture envers les laissés pour compte, estime Diane Vincent, présidente du Collectif.

«Si on arrêtait de chercher la personne idéale pendant des mois et qu'on embauchait une personne immigrante, une personne qui a été défavorisée par les circonstances de la vie, bien on pourrait régler les problèmes dans différents secteurs de la société», a-t-elle dit lors d'un point de presse, lundi, devant les bureaux du ministre de la Solidarité sociale, Sam Hamad, à Québec.

Le Collectif a remis au ministère un document qui identifie six mesures jugées prioritaires et urgentes.

L'organisme réclame entre autres des pensions alimentaires exclues de tout calcul sur le revenu - aide sociale, prêts et bourses, aide juridique -, la construction minimale de 10 000 logements sociaux par année, une politique nationale contre l'itinérance, la gratuité élargie des médicaments et un accès plus large à l'aide juridique.

L'aide sociale doit aussi être bonifiée sans condition pour l'ensemble des bénéficiaires, estime le groupe, qui trouve injustes «les catégories» de prestataires.

«Cela m'a pris trois ans pour me faire accepter comme une personne ayant une contrainte sévère à l'emploi. Cela a été très difficile. Il fallait faire remplir un formulaire par le médecin, que je retourne voir le médecin... Ils m'ont fait voyager comme ça pendant trois ans avant de réussir à avoir la contrainte sévère», a témoigné une des quelques dizaines de manifestants qui accompagnaient les représentants du Collectif.

Pour financer ce bouquet de mesures nécessitant un investissement public de plusieurs milliards de dollars, le Collectif suggère notamment d'augmenter l'impôt sur le revenu des plus riches, d'accroître l'impôt des compagnies et de hausser les redevances sur les ressources naturelles.

«Evidemment, on milite en faveur d'un niveau d'impôt supplémentaire pour les gens les plus riches, a soutenu le porte-parole du Collectif, Robin Couture. Il y a également l'impôt sur les compagnies, les droits sur les ressources naturelles, les grandes compagnies qui paient l'électricité trop à rabais. Des solutions, il n'en manque pas. Ne manque que la volonté politique.»

A son avis, le gouvernement Charest doit impérativement corriger l'erreur qu'il a commise en abaissant le fardeau fiscal des Québécois ces dernières années.

«Le déficit que l'on a présentement et les problèmes des finances publiques ont été causés beaucoup par le retrait de l'Etat, c'est-à-dire (...) par les baisses d'impôt. On parle de 10 milliards $ dans les dix dernières années», a-t-il dénoncé.

Le Collectif, qui regroupe 34 organismes sociaux, communautaires, syndicaux et féministes, souhaite voir ses propositions figurer dans le plan d'action contre la pauvreté que déposera le gouvernement plus tard au printemps.