Le gouvernement Charest a perverti le système d'attribution de places en garderie, pour en faire un outil partisan, selon la chef péquiste Pauline Marois.

Le réseau des services de garde est devenu «une machine à collecter des fonds» pour le Parti libéral du Québec (PLQ), a dénoncé la chef de l'opposition officielle, en Chambre, jeudi.

Depuis 2003, le gouvernement a fait en sorte de politiser le système, selon elle, en donnant des places et des permis à des amis du parti, qui peuvent ainsi «faire du profit sur le dos des enfants».

La situation est à ce point grave, aux yeux de la chef de l'opposition officielle, qu'elle demande la tête du ministre de la Famille, Tony Tomassi.

«Je crois que le premier ministre devrait lui demander de démissionner», a-t-elle dit, en point de presse.

La façon d'agir du gouvernement dans ce dossier est «immorale et scandaleuse», a jugé Mme Marois, en tirant dans toutes les directions.

Notamment, elle est revenue à la charge pour réclamer une enquête du Vérificateur général sur tout le processus d'octroi de places en garderie et l'attribution de permis.

Le but du réseau des services de garde n'est pas de donner de l'argent aux amis du PLQ, a-t-elle dit, mais de fournir des places aux parents.

Elle s'est montrée particulièrement préoccupée par ce qu'elle a qualifié de «racket» de revente de permis, un système qui permet de faire des profits en vendant sa garderie.

Le phénomène de la revente des permis de garderie privée est mal connu et peu documenté. Mme Marois dit vouloir savoir du ministère de la Famille dans combien de cas cela s'est produit.

Le propriétaire de la chaîne Groupe Merveilles, Ezio Carosielli, qui possède une dizaines de garderies privées totalisant quelque 800 places, a déclaré mercredi que certains cherchaient à obtenir des permis non pas pour éduquer les enfants, mais pour revendre leur permis dès que possible avec un bon profit.

La création de ces chaînes de garderies est un autre effet pervers du système, selon Mme Marois.

«On a perverti un système qui était à mon avis bien rodé et complètement dépolitisé», a-t-elle ajouté.

Mme Marois s'en est pris aussi au processus d'attribution des places, qui, selon elle, a pris une tournure politique à l'époque où la ministre Michelle Courchesne était ministre de la Famille, soit jusqu'en décembre 2008, moment où M. Tomassi a pris le relève.

La ministre avait «la main haute sur l'octroi des permis», a dit la chef péquiste. Or, sous le règne de Mme Courchesne, 18 000 nouvelles places ont été accordées.

De ce nombre, plusieurs sont allées à des propriétaires qui avaient pourtant reçu une mauvaise note des fonctionnaires, lors de l'évaluation de leur dossier, a rappelé Mme Marois.

«On octroie des permis à des demandeurs qui ont des notes de D, alors que probablement on aura mis de côté des gens qui avaient de très bonnes évaluations», a-t-elle déploré.

Le PQ demande en vain, depuis des mois, au ministre de la Famille de rendre publiques les évaluations de tous les dossiers d'octroi de places en 2007-2008.

Cerise sur le gâteau, a ajouté Mme Marois, il appert que dans bien des cas ceux qui obtiennent des places sont d'importants contributeurs à la caisse du PLQ.

Au total, selon les calculs du PQ, 1600 places reliées à 33 projets ont été accordées à des gens qui ont versé 134 000 $ au PLQ.

Elle rappelle, au passage, que six membres de l'exécutif du PLQ de Lafontaine, la circonscription du ministre Tomassi, ont obtenu des permis de services de garde.

Quant à elle, l'Association québécoise des Centres de la petite enfance (AQCPE) demande un moratoire sur l'attribution de places aux garderies privées, faisant valoir que les CPE ne peuvent être revendus, contrairement aux garderies privées.