«Devenir une tueuse ne permet pas de salir les réputations». Le premier ministre Charest a fait servir cette réplique hier a Pauline Marois par sa ministre de l'Environnement Line Beauchamp. M. Charest compte réagir lui-même dès dimanche matin quand il se rendra à la messe de la Saint-Patrick au centre-ville de Montréal.

Samedi matin, devant 300 délégués Mme Marois avait jeté le doute sur l'intégrité du premier ministre Charest en laissant entendre qu'il refusait l'enquête publique sur l'industrie de la construction parce qu'il se refusait «à mordre la main qui le nourrit».

Dans une attaque inusitée -les politiciens ne mettent jamais en doute l'intégrité personnelle de leurs pairs- Mme Marois avait soutenu que l'on pouvait se demander si le premier ministre n'était pas tout aussi redevable aux amis du Parti libéral qu'aux Québécois qui paient son salaire de premier ministre. Pour elle, le fait qu'il ait reçu une allocation annuelle de 75 000 $ de son parti, en sus de son salaire public de 183 000 $ permet de s'interroger sur son indépendance et son intégrité.

La réplique n'a pas tardé du côté libéral. La ministre Line Beauchamp a été désignée pour servir la monnaie de sa pièce à la chef péquiste.

«En début de semaine elle nous a avoué qu'elle trichait avec les Québécois, qu'elle se donnait une personnalité de tueuse... cela ne lui donne pas le droit de salir les réputations, de dire n'importe quoi» de lancer Mme Beauchamp sèchement.

«Le colloque du PQ devait parler d'économie, de création de richesse, la voilà dans l'intégrité. Veut-elle cacher le vide des propositions de son parti?» de poursuivre la ministre de l'Environnement.

M. Charest ne demandera pas d'excuses, prévoit-elle, «je ne crois pas qu'il faille attendre d'excuses de Mme Marois, mais je peux dire qu'elle n'a aucune leçon d'éthique à donner» a poursuivi Mme Beauchamp.

«Mme Marois était autour de la table du conseil des ministres quand son mari, le président de la SGF, (Claude Blanchet) a obtenu une pension à vie» attaque la libérale -M. Blanchet avait obtenu de la SGF une pension annuelle à vie de 85 000 $ pour six années de service public à la barre de l'organisme.

Aussi, quand Mme Marois parle d'odeur de corruption au dessus du Parti libéral, «elle devrait se rappeler qu'il y a eu un seul cas de corruption établi, quand Jean Brault, un acteur important du scandale des commandites a financé illégalement le Parti québécois» de rappeler Mme Beauchamp. Un commissaire avait conclu que M. Brault avait fourni une vingtaine de chèques au PQ au nom de ses employés, ce qui est illégal en vertu de la loi québécoise sur le financement des partis.