L'Assemblée nationale a adopté hier une motion d'appui au centre Droits et Démocratie, déchiré par une grave crise depuis le début de l'année.

La motion, présentée par le député Amir Khadir, de Québec solidaire, et le ministre responsable des Affaires intergouvernementales canadiennes, Robert Dutil, souligne le «travail exemplaire» de Droits et Démocratie. L'Assemblée nationale «souhaite voir préserver l'indépendance de cette institution afin d'en protéger la crédibilité et la pérennité», poursuit la motion, qui a été adoptée à l'unanimité.

Les tensions qui minaient cet organisme voué à la promotion des institutions démocratiques et des droits de l'homme ont éclaté au grand jour au début du mois de janvier, quand son président, Rémy Beauregard, est mort subitement à l'issue d'une réunion houleuse.

Depuis, deux membres du conseil d'administration ont claqué la porte, les employés ont réclamé à la quasi-unanimité la démission de trois autres administrateurs, qui ont répliqué en congédiant trois cadres supérieurs. Ces derniers comptent intenter une poursuite pour congédiement illégal.

Le conseil d'administration a aussi déclenché une enquête sur l'administration du centre et s'apprête à alléger les règles d'attribution des contrats à la suite de critiques concernant leur gestion au cours des derniers mois.

En nommant l'ancien ministre québécois Gérard Latulippe à la tête de Droits et Démocratie, le gouvernement fédéral n'a fait qu'ajouter à la controverse, qui met en cause l'ingérence d'Ottawa dans les orientations de cet organisme.

Instigateur de la motion adoptée hier, Amir Khadir a voulu se montrer solidaire des employés de Droits et Démocratie. «Certains membres du personnel devaient être présents à l'Assemblée pour le dépôt de la motion, mais ils se sont finalement abstenus par peur des représailles, ce qui en dit long sur le climat de terreur qui règne aujourd'hui dans l'organisme», a-t-il dit.

Pendant que le feuilleton de Droits et Démocratie se poursuit, «des milliers de dollars publics qui pourraient servir à aider les victimes en Afghanistan, en Haïti ou au Congo sont consacrés à payer des avocats, des enquêteurs privés et des firmes comptables (...) pour harceler et congédier des employés» déplore l'une des administratrices démissionnaires, la militante afghane Sima Samar, dans une lettre parue lundi dans l'Ottawa Citizen