La vice-première ministre et ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, estime qu'il est normal que des ingénieurs et des maires participent à ses soirées de financement, dans la mesure où ils le font à titre personnel.

Mme Normandeau a affirmé lundi que ces donateurs contribuent au Parti libéral du Québec en se conformant aux règles prescrites par la loi électorale, qui interdit les dons d'entreprises.

Lors d'un point de presse, Mme Normandeau a déclaré que les maires et ingénieurs qui participent à ses cocktails de financement ne cherchent aucunement à se gagner de l'influence où à obtenir des passe-droits.

Selon Mme Normandeau, qui a été ministre des Affaires municipales jusqu'en 2009, ils témoignent plutôt que leurs convictions politiques convergent avec les valeurs du PLQ.

«C'est une façon de nous donner une petite tape sur l'épaule pour nous dire: «on est très, très satisfaits du travail que vous faites', a-t-elle dit. Moi, c'est ce que je vis depuis 12 ans à l'Assemblée nationale.»

Un reportage diffusé la semaine dernière indiquait qu'en octobre 2008, juste avant les dernières élections provinciales, le dirigeant d'une filiale d'une grande firme de génie-conseil avait organisé pour Mme Normandeau un cocktail de financement qui lui a permis d'amasser 43 000 $ en contributions pour le PLQ.

Selon Radio-Canada, des maires, des entrepreneurs et des personnes gravitant autour de la firme Dessau étaient présents lors de l'événement.

Mme Normandeau a soutenu lundi que le PLQ respecte les règles québécoises sur le financement politique, en vertu desquelles seuls les électeurs peuvent faire des dons.

«Est-ce que, comme ministre des Affaires municipales, c'est normal que des ingénieurs participent à des activités de financement alors que j'occupais le fauteuil de ministre des Affaires municipales, a-t-elle demandé. La réponse, c'est oui. Est-ce que c'est normal que des élus participent à nos financements puis à mes activités de financement alors que j'étais ministre des Affaires municipales? La réponse, c'est oui.»

Mme Normandeau a affirmé que, depuis sa nomination aux Ressources naturelles, des ingénieurs et des maires continuent de participer, à titre personnel, à ses activités de financement.

Au cours des derniers mois, la question du financement politique a placé le gouvernement du premier ministre Jean Charest sur la défensive lorsque les partis de l'opposition ont allégué que certaines entreprises sont favorisées dans l'octroi de contrats ou de places en garderies en contrepartie de dons au PLQ.

Les nombreuses allégations de financement illégal, notamment sur la scène municipale montréalaise, ont d'ailleurs incité le gouvernement à déposer un projet de loi pour resserrer les règles, l'automne dernier.

Trois ministres libéraux ont aussi dû se rétracter, après avoir affirmé, au cours des trois derniers mois, que des entreprises pourraient contribuer au PLQ. Ces déclarations ont incité le Directeur général des élections, l'autorité chargée de faire respecter la Loi électorale, à entamer des vérifications pour déterminer si une enquête est nécessaire.

Aux côtés de Mme Normandeau, lundi, le ministre du Développement économique, Clément Gignac, a affirmé qu'il ne fallait pas prêter de mauvaises intentions aux personnes qui contribuent aux partis politiques.

Citant un document du Parti québécois où M. Gignac voit un plaidoyer pour que l'Etat prenne plus de place dans la société, M. Gignac a soutenu que les politiques du PLQ, notamment la réduction des impôts, incite des électeurs à contribuer à sa formation politique.

«Est-ce que ça se pourrait que ce soit des gens qui, dans le fond, ont notre vision de l'entrepreneurship, notre vision de création de richesse, et qu'ils veulent nous encourager, nous donner un clin d'oeil pour dire qu'on est dans la bonne direction, a-t-il demandé. Est-ce qu'ils le font par pur altruisme ou si c'est parce qu'ils pensent, en quelque sorte, que la voie qu'on emprunte, ça permet une réduction du fardeau fiscal?»

Par ailleurs, les deux ministres se sont attaqués à un document de travail du PQ, dans lequel la formation souverainiste a esquissé des propositions en vue d'un colloque intitulé «Gouvernement souverainiste et création de richersse», prévu la fin de semaine prochaine.

Mme Normandeau a accusé le PQ ne n'avoir fait aucune proposition en vue de rééquilibrer les finances publiques.

«D'un côté, Mme Marois nous dit, dans le même document: ça prend moins d'état, a-t-elle affirmé. Mais, dans les pages qui suivent, évidemment, ce qu'on nous propose, c'est plus d'état, plus de structure, plus de programme et plus d'état. Alors, la conclusion à laquelle on doit arriver, évidemment, c'est que Mme Marois met son clignotant à droite, mais choisit de tourner à gauche.»