Maintenant que la sécurité des ponts et des viaducs est mise en doute, une commission d'enquête publique sur l'industrie de la construction s'impose plus que jamais, estime l'opposition péquiste.

Le Parti québécois a accusé mercredi le gouvernement Charest de rester les bras croisés devant les cris d'alarme lancés depuis 2008 par des ingénieurs de la direction des structures du ministère des Transports.

Ces professionnels avancent que la négligence règne sur certains chantiers et qu'ils ne peuvent plus garantir à la population «un niveau de sécurité acceptable».

Le député Sylvain Simard voit dans la sortie des ingénieurs du ministère l'illustration très claire que le gouvernement a perdu le contrôle des grands projets d'infrastructure.

Au-delà du corporatisme et des négociations en cours dans le secteur public, «cela fait des années que les ingénieurs mettent en garde le gouvernement», a dit le porte-parole de l'opposition officielle en matière de Trésor.

«Le gouvernement n'a plus la masse critique d'expertise pour gérer des projets de plus en plus coûteux et nombreux. La planification, la conception, la surveillance des projets se font de plus en plus à l'externe parce que le ministère n'a plus les moyens d'encadrer les travaux», a poursuivi le député de Richelieu.

A son avis, le recours massif aux ressources du secteur privé pour la réalisation des grands travaux accroît le risque non seulement «en terme de sécurité» mais aussi «en terme financier».

«Quand on dépense, comme cette année, des milliards de dollars en infrastructure et qu'on n'a pas les moyens de vraiment contrôler, qu'on doit s'en remettre continuellement au privé, on peut s'attendre à ce qu'il y ait des surcoûts et des problèmes de contrôle», a souligné M. Simard.

Seule une commission d'enquête publique - réclamée depuis des mois par les partis d'opposition et une bonne part de la société civile - permettrait de mesurer l'étendue des problèmes, pense le député.

«Le cri d'alarme des ingénieurs nous ramène à notre demande d'enquête sur l'industrie de la construction. On perd le contrôle de projets dont l'envergure est de plusieurs centaines de millions $. Une enquête aurait pour effet de mettre en évidence des problèmes structurels comme ceux là», a-t-il dit.

Au ministère des Transports, on indique que tout est mis en oeuvre pour assurer la qualité des grands ouvrages.

Dès que des ingénieurs soulèvent un problème sur un chantier, des correctifs sont apportés dans l'immédiat, a martelé la sous-ministre adjointe Anne-Marie Leclerc.

«Les gens peuvent avoir confiance parce qu'on ne fait pas de compromis en sécurité et je ne veux pas en voir un faire quelque compromis que ce soit en matière de sécurité», a-t-elle tranché.

Du reste, le ministère «s'améliore d'une année à l'autre. Nous étions meilleurs en 2009 qu'en 2008 et nous serons meilleurs en 2010 et ainsi de suite», a ajouté Mme Leclerc.

Depuis 2008, l'expertise s'est accrue considérablement à la direction des structures. Le personnel, ingénieurs et techniciens, a bondi de 30 pour cent, a-t-elle fait valoir.