À court terme, les déclarations de Lucien Bouchard auront inévitablement un effet négatif sur le Parti québécois (PQ). Mais à long terme, elles pourraient générer un débat salutaire pour le parti, selon des spécialistes.

Mardi soir, l'ex-premier ministre péquiste a reproché au parti et à sa chef, Pauline Marois, leur manque d'ouverture envers les immigrés. Il a également affirmé que la souveraineté n'est plus un enjeu prioritaire.

 

Jean-Herman Guay, politologue à l'Université de Sherbrooke, estime que ces propos pourraient faire du tort au PQ dans les semaines et les mois à venir. «Ça peut faire du mal, reconnaît-il. Cette sortie est encore plus symbolique que les autres qui ont secoué le PQ dans les dernières années: M. Bouchard était le porte-drapeau de la souveraineté au référendum de 1995.»

Michel Seymour, professeur au département de philosophie de l'Université de Montréal, croit lui aussi que l'impact sera négatif à court terme. «Les chicanes de famille sur la place publique, c'est sûr que ce n'est pas bon dans les sondages», croit M. Seymour, qui est ouvertement souverainiste.

«Mais les débats d'idées, par contre, c'est toujours positif, poursuit-il. Contrairement au Parti libéral et à sa politique de laisser-faire, le PQ est une famille qui ne parle pas d'une seule voix, ce qui est très sain.»

Michel Seymour estime que la sortie de Lucien Bouchard pourrait notamment provoquer une réflexion chez les péquistes quant à la place des immigrés dans la société québécoise.

Selon Jean-Herman Guay, le PQ devrait profiter de cette crise pour redéfinir la question de la souveraineté. «Les propos de Lucien Bouchard font écho à ce que pensent beaucoup de Québécois. Les gens sont aujourd'hui moins préoccupés qu'avant par la question de la souveraineté.»

Pour rejoindre à nouveau les électeurs, le parti devra peut-être envisager la souveraineté à long terme, dit-il. «Les libéraux en sont à leur troisième mandat. Le Québec a traversé une crise économique, mais le PQ ne parvient pas à prendre le dessus. Il faut changer quelque chose, et les événements des derniers jours pourraient en être le catalyseur.»