L'est de Montréal, tout comme l'extrémité ouest de l'île, près de Vaudreuil, aura besoin de nouvelles infrastructures de santé à cause de l'augmentation rapide de la population, a reconnu hier le ministre de la Santé, Yves Bolduc.

M.Bolduc a toutefois précisé qu'on en est encore à l'étape de la planification et qu'il pourrait s'écouler trois ans avant que le feu vert soit donné à la construction de nouveaux établissements. On appréhende «la pénurie d'infrastructures... c'est un bon exercice de planifier maintenant pour éviter les problèmes futurs», a dit le ministre.

 

Le Ministère sait déjà que la population de l'est de la métropole et de Vaudreuil-Soulanges va croître rapidement. Dans Vaudreuil, on passera de 150 000 à 180 000 personnes rapidement. «On est en mesure de constater que l'est, l'ouest de la Montérégie et les Laurentides vont avoir besoin de nouvelles infrastructures», a soutenu le ministre Bolduc dans un commentaire sur la manchette de La Presse d'hier, qui rapportait que le Ministère envisage de construire deux nouveaux hôpitaux généraux, à Rivière-des-Prairies et à Vaudreuil.

«Il n'y aura pas d'annonce à court terme... on a une perspective de trois à 10 ans, on est à évaluer les besoins» a-t-il soutenu.

En août dernier, de passage à Vaudreuil, le ministre Bolduc avait soutenu sans détour que le secteur avait «besoin d'un hôpital», des propos cités par un hebdo local. Le Ministère parle aussi d'un «site hospitalier» dans sa planification pour Vaudreuil, un établissement qui relèverait d'un autre hôpital.

Accueil froid

Mais, même embryonnaires, les projets de nouveaux hôpitaux à Montréal sont accueillis bien froidement dans le réseau de la Santé. «Le gouvernement a déjà un problème à livrer les deux hôpitaux universitaires dont on parle depuis plusieurs années. Il devrait d'abord s'occuper de ceux-là», a dit Lise Denis, présidente de l'Association québécoise des établissements du réseau de la santé. Les projets d'hôpitaux à Rivière-des-Prairies et à Vaudreuil circulent ouvertement dans le réseau de la Santé à Montréal depuis un bon moment, a-t-elle relevé.

Selon elle, le ministère de la Santé aurait bien mieux à faire avec le budget annuel d'environ 100 millions que représente un nouvel hôpital de 200 lits. Il devrait surtout consacrer immédiatement plus d'efforts au maintien à domicile des personnes âgées.

Le Dr Gaétan Barrette, président de la Fédération des spécialistes, avait fait part mercredi à La Presse de son opposition au projet de Rivière-des-Prairies. Il vaudrait mieux agrandir Maisonneuve-Rosemont, croit-il.

Le Dr Louis Godin, président de la Fédération des médecins omnipraticiens, croit lui aussi que le gouvernement fait fausse route en songeant à de nouveaux points de service. Selon lui, la région de Montréal n'a même pas les effectifs pour répondre aux besoins des établissements existants: il manque 1000 médecins généralistes au Québec; «il en manque 250 dans l'île de Montréal, les citoyens ne trouvent pas de médecins de famille, il y a un manque criant de ressources».

«Même si Québec allait de l'avant, on ne sait pas comment on pourrait pourvoir ces établissements en médecins. Ce serait un poids très lourd», observe le Dr Godin. «Avant d'ouvrir 200 lits à Rivière-des-Prairies, il y a sûrement des aménagements à voir pour Maisonneuve-Rosemont», conclut-il.