Québec doit imposer davantage les riches et les entreprises au lieu de sabrer ses dépenses, a affirmé hier un regroupement de syndicats du secteur public, 24 heures avant une rencontre prébudgétaire avec le ministre des Finances, Raymond Bachand.

Le Secrétariat intersyndical des services publics (SISP), qui regroupe 300 000 travailleurs de la santé, de l'éducation et de la fonction publique, a présenté hier un plan en six recommandations et neuf propositions qu'il soumettra aujourd'hui au gouvernement.Ses représentants s'expliquent mal pourquoi le gouvernement Charest est si pressé de rétablir l'équilibre budgétaire, alors que plusieurs autres provinces canadiennes acceptent de creuser un déficit dans les prochaines années. Ils craignent que Québec fasse fausse route en envisageant des hausses de tarifs, comme ceux de l'électricité.

Selon eux, ce sont plutôt les plus riches qui doivent en faire davantage. Ils souhaitent que l'État prélève près d'un milliard de plus dans les poches des Québécois qui gagnent plus de 125 000$ par année.

«On ne veut pas aller dans aucune mesure qui va imposer un fardeau plus lourd à des familles qui gagnent beaucoup moins, 30 000 ou 40 000$ par année», explique la présidente de la Fédération interprofessionnelle du Québec, Régine Laurent.

Les représentants syndicaux veulent aussi que le gouvernement impose davantage les banques et les entreprises profitables, en plus de réclamer de plus grandes redevances aux sociétés minières.

Les consultations prébudgétaires se déroulent alors que Québec s'apprête à négocier de nouvelles conventions collectives avec ses employés du secteur public. Les travailleurs réclament une hausse de 11,25% en 3 ans, soit 3,2 milliards. Le gouvernement offre des augmentations de 7% en 5 ans. Les syndiqués craignent que le gouvernement ne se serve de son budget pour noircir le portrait des finances publiques et justifier des augmentations salariales moins importantes que prévu.

«Le gouvernement va tenter de se servir du budget pour mettre de la pression sur les salariés, a indiqué le président de la CSQ, Réjean Parent. Au même titre qu'il se sert du budget pour mettre de la pression sur les tarifs d'électricité.»

Les syndicats n'ont pas encore déposé de contre-offre formelle aux offres gouvernementales du 30 novembre. La ronde des négociations va reprendre au début de 2010. Le contrat de travail qui a été imposé au moyen d'une loi spéciale par le gouvernement Charest vient à échéance le 31 mars prochain.

Avec La Presse Canadienne