Le Parti québécois appelle le gouvernement Charest à tirer un trait définitif sur la filière nucléaire en abandonnant le projet de réfection de la centrale Gentilly 2, en Mauricie.

A l'ère de Copenhague et des énergies propres, le gouvernement ferait une grave erreur de léguer aux générations futures la gestion de déchets nucléaires, ont fait valoir vendredi, en point de presse à Québec, les députés péquistes Sylvain Gaudreault et Scott McKay.

«C'est un cadeau empoisonné pour l'avenir. Dans le cas des combustibles fossiles, nous contribuons aux changements climatiques. Dans le cas du nucléaire, nous sommes pris avec des déchets qui resteront radioactifs pendant des milliers d'années», a soulevé M. McKay, porte-parole de l'opposition officielle en matière de développement durable.

Au plan économique, la rénovation de Gentilly 2 n'est nullement justifiée, pense le Parti québécois.

En outre, les travaux vont coûter une fortune pour une centrale qui représente à peine 2,4 pour cent du portefeuille énergétique du Québec, rappellent les députés McKay et Gaudreault.

Du reste, d'importants dépassements de coûts risquent, selon eux, d'alourdir la facture comme cela s'est produit au Nouveau-Brunswick avec la centrale de Pointe Lepreau.

En principe, la rénovation de Gentilly 2 - au coût de 1,9 milliard $ - permettra de prolonger la vie utile de la centrale jusqu'en 2040. Le complexe a été mis en service en 1983.

Mais pour le PQ, il vaut mieux effacer l'ardoise dès maintenant plutôt que de reporter à plus tard l'inévitable facture.

«On ne peut pas reconstruire une centrale nucléaire indéfiniment et il faudra la fermer d'une manière ou d'une autre. Alors, avec l'évolution du coût de la vie et tout ça, ça va coûter encore plus cher s'il faut qu'on la ferme dans 20 ans», a avancé M. Gaudreault, porte-parole de l'opposition péquiste en matière d'énergie.

Le PQ reproche au gouvernement Charest d'agir en catimini dans ce dossier et de tenir la population dans l'ignorance complète sur les implications environnementales de Gentilly 2.

Depuis l'annonce de la réfection en août 2008, le gouvernement n'a pas cru bon de rendre publiques les différentes études d'impact du projet, affirme M. McKay.

«Ce projet-là se réalise actuellement sans aucun débat public en refusant les demandes de commission parlementaire et en ne rendant aucun des documents qui ont été à la base de la décision du gouvernement Charest. Aucun de ces documents-là n'est public», a-t-il dénoncé.

Jadis promoteur de la filière nucléaire, le Parti québécois milite aujourd'hui pour que le Québec s'en tienne exclusivement à l'hydroélectricité et aux autres formes d'énergie renouvelable.

«L'avenir énergétique du Québec passe par l'efficacité énergétique et le développement massif d'énergie renouvelable, comme le solaire, la géothermie, la biomasse, l'éolien évidemment, et c'est vers ça que ça passe», a insisté le député Gaudreault.

En exigeant l'abandon du projet de réfection de Gentilly 2, le Parti québécois «veut nuire au développement économique», a répliqué la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau.

«L'exploitation de la centrale procure 800 emplois directs aux familles de la Mauricie et du Centre-du-Québec.

Demander la fermeture de cette centrale mènerait 800 familles au chômage. A deux semaines de Noël, les citoyens s'attendent à des requêtes plus responsables de la part du PQ», a déclaré la ministre, dans un communiqué.

Tant pour des raisons environnementales qu'économiques, les études effectuées au cours des huit dernières années ont démontré que le projet de réfection de la centrale était plus avantageux que son démantèlement, a argué Mme Normandeau.