Le gouvernement Charest a accordé de nouvelles places à deux garderies privées même si leur projet avait obtenu une mauvaise cote de la part des fonctionnaires. L'opposition péquiste le soupçonne d'avoir donné le feu vert parce que leurs administrateurs ont contribué à la caisse électorale du Parti libéral.

Le ministre de la Famille, Tony Tomassi, et son prédécesseur, Michelle Courchesne, qui a attribué les places en 2008, nient tout favoritisme à l'égard des donateurs libéraux dans le processus d'attribution des places. «Pensez-vous que je prends le livre des donateurs à côté de moi... Je n'en ai rien à foutre!» a lancé aux journalistes une Michelle Courchesne outrée.Hier, le PQ est revenu à la charge sur l'attribution des places subventionnées aux garderies privées en 2008. Le député Nicolas Girard a révélé que l'Académie des petits amis-es, de Montréal, a obtenu 35 places alors que les fonctionnaires du ministère de la Famille lui avaient attribué la cote D pour la faisabilité de son projet et la qualité des services. Le Bureau des plaintes du même ministère avait émis des réserves, comme le démontre un document interne distribué par le PQ. Le propriétaire de cette garderie, Henry Alix Joseph, a versé 1750$ au PLQ l'an dernier.

«D» pour...

«Comment le ministre explique-t-il que, pour les fonctionnaires, c'est non, pour le gouvernement libéral, c'est oui? a lancé M. Girard. Est-ce que je dois comprendre que, pour les fonctionnaires, D, ça signifie «difficile à réaliser», «décevant pour la qualité», alors que, pour le gouvernement libéral, D, ça signifie «donateurs»?»

L'Académie des petites fleurs, dont les administrateurs Sam Grant et George Hassan ont donné 3000$ chacun au PLQ en 2008, a obtenu 19 places même si elle avait reçu la cote D pour la qualité des services lors de l'évaluation de son projet. La Direction montréalaise du ministère et le Bureau des plaintes avaient aussi émis des réserves.

Nicolas Girard a ajouté que les administrateurs de deux garderies de la Montérégie ont contribué pour la première fois au PLQ en 2008 (3000$ dans un cas, 1520$ dans l'autre), au moment même où ils obtenaient de nouvelles places (60 et 45). «Est-ce le fruit du hasard?» s'est-il demandé.

Le député a dénoncé le «lien de proximité» entre le gouvernement et Samir Alahmad, le vice-président de l'Association des garderies privées, propriétaire de services de garde et donateur libéral. Il a brandi une photo, publiée dans le Courrier Laval en 2007, montrant M. Alahmad en compagnie du député Vincent Auclair et du ministre Laurent Lessard, lors d'un cocktail de financement de l'association libérale de Vimont.

«Est-ce que la présence de M. Alahmad au cocktail du Parti libéral est le fruit du hasard? Et est-ce que les places accordées à la famille Alahmad depuis 2003 sont aussi le fruit du hasard?» a lancé Nicolas Girard.

«Campagne de salissage»

Pour Tony Tomassi, «le PQ fait une campagne de salissage». Il assure que le processus d'attribution des places est «rigoureux». Il transmettra aux associations de garderies les évaluations de chacun des quelque 2000 projets déposés au ministère en 2008.

De son côté, Michelle Courchesne a souligné que des CPE ont également obtenu de nouvelles places malgré une cote D. «Il y a des régions où il n'y avait que des cotes D. Il y a des régions où il y avait très peu de cotes supérieures en fonction de l'ensemble des critères», a-t-elle expliqué. Elle a confirmé que de nouvelles places avaient été attribuées à des garderies qui avaient fait l'objet de plaintes de parents. Mais elles ont dû garantir, par écrit, que les problèmes avaient été corrigés avant d'obtenir les places.

Six «critères de base» ont guidé les choix du gouvernement, a-t-elle expliqué. Québec a donné la priorité aux projets de garderies situées dans des quartiers défavorisés ou à forte concentration d'immigrants, dans des régions où la natalité est en forte hausse et où les listes d'attente sont longues. Il a également préféré les garderies qui ont demandé des places destinées aux poupons (moins de 18 mois) ou qui ont proposé d'offrir des horaires atypiques.