Mario Dumont a volé la vedette aux aspirants à sa succession à la tête de l'ADQ sur les ondes de V, hier, en posant la question que personne n'attendait. Il a demandé aux trois candidats de lui faire des reproches, de lui dire les erreurs qu'il avait commises comme chef du parti.

Certes, lors du débat de 20 minutes, Gilles Taillon est passé à l'offensive et a multiplié les attaques contre Éric Caire, qui s'est retrouvé sur la défensive pour une rare fois depuis le début de la course. Mais la sortie de l'ancien chef a provoqué le moment le plus fort de l'émission.

 

L'ancien chef de l'ADQ a causé la surprise avec sa question pour le moins audacieuse. «Quelles sont les erreurs de l'ancien chef que, dans votre mandat, vous ne voulez pas répéter?» a-t-il demandé. Pris au dépourvu, les trois candidats ont tout de même eu un peu de temps - celui d'une pause publicitaire - pour encaisser le coup et réfléchir.

«Vous aviez de la difficulté, M. Dumont, à finir vos ventes dans le recrutement de candidats-vedettes. Vous aviez de la difficulté à attacher ça», a répondu Gilles Taillon.

«Vous avez porté ce parti-là sur vos épaules pendant 15 ans et, un moment donné, la capacité à déléguer s'est étiolée avec le temps, a souligné de son côté Éric Caire. Je pense que le prochain chef devra déléguer plus, s'entourer plus.»

Christian Lévesque - le candidat le plus dur à l'égard de l'ancien régime depuis le début de la campagne - a dit: «Le chef s'est concentré beaucoup sur le travail au Parlement dans les dernières années, mais on a oublié le terrain. Il faut revenir à nos membres.»

«Très bon. Bonnes idées», s'est contenté de répondre M. Dumont qui, durant son émission, s'est gardé de tout commentaire pouvant laisser paraître quelque parti pris que ce soit.

Interrogé après l'émission, M. Dumont a ainsi justifié sa question: «Le contenu (de leurs réponses) n'a pas vraiment d'importance parce que je n'ai pas l'intention de refaire de la politique. Et je m'en fous éperdument. C'est plus une question de savoir: quelqu'un qui doit être chef doit avoir un petit peu de colonne, un petit peu de courage. Et c'était un petit test: dire que tu es en face de quelqu'un, à la télé, et tu dis les choses telles que tu les penses.»

«J'ai trouvé qu'ils ont répondu franchement, et c'était ça le test», a ajouté M. Dumont. Il n'a pas voulu débattre de la justesse des reproches qu'on lui a faits. «Ce sont des choses qui, de toute façon, ont déjà été dites publiquement. Je n'ai pas juste des qualités. Je pense que ce n'est pas tout vrai et que ce n'est pas tout simple comme ça dans la vie. Mais je n'ai plus besoin de me défendre; je fais une autre job, aujourd'hui», a-t-il dit.

Durant le débat, Gilles Taillon et Éric Caire se sont livré des duels relevés, alors que Christian Lévesque s'est moins démarqué. L'ancien numéro 2 de l'ADQ s'est montré plus combatif que lors des deux précédents débats. Il a enchaîné les «C'est quoi, votre position?» et les «Vous proposez quoi?». Il a critiqué plusieurs positions du député de La Peltrie.

«Éric Caire veut tripler les droits des scolarité. Ça m'apparaît irréaliste dans un contexte où on a besoin d'encourager la fréquentation des universités», a ainsi affirmé M. Taillon, ex-député de Chauveau.

«Je ne comprends pas la logique de M. Caire, qui veut abolir les commissions scolaires, la structure intermédiaire qui nuit aux écoles, mais pas les agences de santé, la structure intermédiaire qui nuit aux hôpitaux, a-t-il également ajouté plus tard. C'est plus facile d'abolir les agences. La bureaucratie, c'est le problème majeur, en santé.»

Éric Caire a réitéré sa volonté de rendre les syndicats «plus démocratiques et plus transparents». La faible croissance de la productivité au Québec s'explique selon lui par le taux élevé de syndicalisation. «Je ne suis pas du tout d'accord à faire une attaque en règle contre les organismes qui représentent les travailleurs», a répliqué M. Taillon.