Le premier ministre Jean Charest a dit vouloir que le Québec s'implique dans la lutte aux changements climatiques sur la scène internationale, même s'il reconnaît que cela se traduira vraisemblablement par le fait que les gouvernements du Québec et d'Ottawa défendront des positions différentes à Copenhague, en décembre prochain.

Profitant des quelques minutes qui lui étaient allouées lors de la cérémonie d'ouverture de la Climate Week de New York, le premier ministre a lancé un plaidoyer pour que la voix des provinces et des États fédérés soit entendue à Copenhague, en décembre, lors de l'importante Conférence des Nations unies sur les changements climatiques.

Partageant la scène avec le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, l'ex-premier ministre britannique, Tony Blair, et l'acteur australien Hugh «Wolverine» Jackman, Jean Charest a soutenu qu'il fallait «impliquer non seulement tous les gouvernements, mais tous les paliers de gouvernements si nous voulons implanter efficacement les politiques pour réduire les gaz à effets de serre».

Selon M. Charest, près de 80 pour cent du travail de mise en oeuvre d'un possible accord de Copenhague va devoir être fait par des États fédérés. Le premier ministre québécois a demandé à ce que cette contribution soit reconnue dans les textes.

«L'autre objectif que nous poursuivons, c'est une reconnaissance dans le texte du protocole de Copenhague du rôle des États fédérés», a-t-il précisé à La Presse Canadienne, en marge de son discours.

Du même souffle, le premier ministre a souligné l'importance du rôle de leader que les États fédérés, comme la Californie ou le Québec, peuvent jouer au sein de leur pays. À Copenhague, «je dois vous avouer que je ne m'attends pas à ce que le gouvernement canadien présente des objectifs qui soient les mêmes que ceux du gouvernement du Québec. Là-dessus, il faut être très lucide», a-t-il précisé.

Bien que les cibles québécoises en matière de réduction des gaz à effets de serre ne seront connues que dans quelques semaines, après la tenue d'une commission parlementaire, le premier ministre a assuré que ces dernières allaient «respecter les objectifs fixés par le protocole de Kyoto».

«Nous allons réduire de 6 pour cent nos émissions par rapport au niveau où elles étaient en 1990, pour 2012», a-t-il promis. Le Canada est encore loin d'un tel engagement.

Steven Gilbeault, porte-parole de l'organisme Equiterre qui était présent à la cérémonie d'ouverture de la Climate Week, s'est dit confiant que les objectifs québécois soient similaires ou plus ambitieux que ceux de l'Union européenne. Par contre, il craint que la délégation canadienne ne se rende à Copenhague pour «faire du tourisme».

Concernant les chances de réussite du sommet de Copenhague qui doit se dérouler du 7 au 18 décembre, le premier ministre québécois s'est montré ambivalent. «Le point d'interrogation pour tout le monde ici, ce sont les États-Unis», a-t-il précisé.

Citant des discussions en coulisses, il a dit craindre que l'administration de Barack Obama soit trop débordée par l'actuel débat sur le système de santé américain pour arriver avec une position ferme et ambitieuse à Copenhague.

La conférence qui doit se tenir dans la capitale danoise vise à obtenir un accord pour remplacer le protocole de Kyoto qui arrive à échéance en 2012. Jean Charest y coprésidera le Sommet des leaders, réunissant des chefs de gouvernement d'États fédérés et de régions.

Organisée par divers organismes en parallèle de l'Assemblée générale annuelle des Nations unies, la Climate Week NYC a été mise sur pied afin de mettre de la pression sur les leaders mondiaux pour qu'ils s'entendent d'ici le sommet de Copenhague. Selon ses organisateurs, c'est la première fois qu'autant de chefs d'États - une centaine - se réunissent pour discuter des changements climatiques.

Le président Obama doit ainsi prononcer un attendu discours mardi aux Nations unies, tandis que son homologue Chinois, Hu Jintao, doit prendre la parole le lendemain.

Alors que l'Union européenne s'est engagée à réduire d'ici 2020 ses émissions de gaz à effets de serre de 20 pour cent par rapport au niveau de 1990, de nombreux pays, dont le Canada et les États-Unis, se font tirer l'oreille pour prendre des engagements aussi ambitieux et contraignants. Les discussions achoppent particulièrement sur les efforts que doivent fournir des pays comme la Chine ou l'Inde, ainsi que sur les aides financières à fournir aux pays en voie de développement.