C'est une sorte de piqûre de rappel : tous les trois ou quatre ans, un ministre de l'Immigration québécois vient redire aux Français que le Québec est à la recherche d'immigrants. Yolande James, dont c'était la première mission à l'étranger, s'est livrée à cet exercice la semaine dernière, mais dans son cas, cela a conduit à un renforcement de la coopération franco-québécoise en matière d'immigration.

La ministre James est en effet rentrée au Québec à la fin de la semaine derière avec une nouvelle entente en poche. Cette « déclaration commune «, signée avec le ministre français de l'Immigration, de l'Intégration et de l'Identité nationale, Eric Besson, vise à mettre en place un « mécanisme permanent « de concertation et de coordination des échanges en matière de flux migratoires et d'intégration des immigrants. Pendant cette mission de cinq jours, qui s'était ouverte avec un entretien accordé au journal Le Monde, Yolande James a répété que le Québec aurait d'ici 2012, à cause du vieillissement de la population 700 000 emplois à combler. Pour faire face à ce besoin, il a besoin de plus d'immigrants: 50 000 rien qu'en 2010, dont un nombre croissants de Français.

En entrevue au terme de son séjour, elle a toutefois fait remarquer que le Québec devait maintenant faire face à la concurrence d'autres destinations. C'est le cas de Vancouver ou de l'Australie, devenus le fantasme de bien des jeunes Français.

« Il y a 20 ans, on était seul sur le marché, a dit Mme James. On est toujours en avant de la parade, mais aujourd'hui, ce sont les jeunes qui décident où ils vont s'installer. Il y a une course pour attirer les meilleurs. On doit prendre notre place, rester compétitif et faire valoir les ''opportunités» qu'offrent le Québec «.

Ces avantages portent notamment sur la qualité de vie, les systèmes d'éducation et de santé ou les programmes de conciliation famille-travail. Mais la clé d'une intégration réussie demeure l'emploi, a rappelé la ministre.

Dans cet esprit, elle a aussi signé pendant son séjour une entente qui permettra aux entreprises québécoises de faire paraître leurs offres d'embauche directement en France, dans les bureaux de Pôle emploi international, l'agence qui gère l'emploi et l'assurance chômage.

La mesure vise surtout à donner un coup de pouce aux petites et moyennes entreprises. « On veut aider les PME, en région, à faire connaître en France les emplois qu'elles n'arrivent pas à combler chez-nous «, a expliqué Yolande James.

Cette entente est une première. En la signant, le secrétaire d'État français chargé de l'Emploi, Laurent Wauquiez, avait souhaité que le Québec continue de jouer un « rôle de moteur « dans la politique de l'emploi internationale de la France.

« C'est la première fois que la France investit à ce point sur une destination «, avait-il rappelé.

Pendant sa visite à Paris, la ministre James, elle-même fille d'immigrants antillais, a aussi eu l'occasion de présenter le modèle québécois lors d'un colloque organisé par Eric Besson, son homologue français.