La controverse entourant l'octroi de contrats d'asphaltage sans appels d'offres à une entreprise du député David Whissell a continué de nourrir, mercredi, les attaques des partis de l'opposition.

Forte d'un avis du jurisconsulte de l'Assemblée nationale, déposé mardi par M. Whissell lui-même, l'opposition officielle a soutenu que l'ex-ministre s'était placé en conflit d'intérêts en étant copropriétaire d'une entreprise obtenant des contrats directement du ministère des Transports.

Poursuivant son offensive pour blanchir sa réputation, M. Whissell a de son côté déposé un sixième avis du jurisconsulte, mercredi, l'invitant à aviser ABC Rive-Nord, par l'entremise de son fiduciaire, qu'elle ne doit plus accepter de contrats sans appels d'offres.

Mardi, l'ex-ministre, qui a démissionné de son poste la semaine dernière, avait déposé des avis juridiques afin de faire taire toute allégation de conflit d'intérêts à son endroit.

Dans l'un de ces documents, le jurisconsulte Claude Bisson affirmait toutefois clairement qu'afin de le préserver de toute possibilité de conflit d'intérêts, il serait préférable qu'ABC Rive-Nord s'abstienne d'exécuter des contrats de gré à gré.

Mercredi, M. Whissell a affirmé qu'il se conformerait au sixième avis du jurisconsulte et qu'il aviserait son entreprise de ne plus accepter de contrats octroyés sans appels d'offres.

Cela n'a toutefois pas empêché la leader adjointe de l'opposition officielle, la péquiste Agnès Maltais, de retourner le fer dans la plaie grâce aux munitions que M. Whissell avait fournies la veille concernant les contrats de gré à gré d'ABC Rive-Nord.

«Il y a eu contrat de gré à gré, donc, il y a conflit d'intérêts, a-t-elle dit. Ca fait pas mal d'ombre.»

Le leader du gouvernement, Jacques Dupuis, a riposté en niant tout conflit d'intérêts. M. Dupuis a rappelé que M. Whissell s'était conformé aux directives du premier ministre Jean Charest, qui ont été récemment changées après la controverse concernant les activités d'asphaltage de l'ex-ministre.

«Nulle part dans l'avis du jurisconsulte, dans tous les avis du jurisconsulte, n'est-il indiqué que le député d'Argenteuil s'est placé en conflit d'intérêts», a-t-il dit.

De son côté, la chef intérimaire de l'Action démocratique du Québec, Sylvie Roy, a tenté d'alourdir le cas de M. Whissell en affirmant que deux autres contrats avaient été obtenus directement par ABC.

Mais le ministre délégué aux Transports, Norman MacMillan, a soutenu qu'il s'agissait des deux mêmes qui sont à l'origine de la controverse ayant forcé le député d'Argenteuil à quitter le conseil des ministres.

Accusant l'aile adéquiste de manquer de rigueur, M. MacMillan a réclamé que Mme Roy se rétracte.

«Le députée de Lotbinière ne peut pas salir la réputation d'un député et d'une institution comme le ministère des Transports comme elle l'a fait aujourd'hui», a-t-il dit dans un communiqué.

Lors d'une entrevue, Mme Roy a esquivé la demande du gouvernement, soutenant qu'elle s'était fiée à des documents déposés par le gouvernement en commission parlementaire.

«J'y vais sur la foi de ce qu'ils nous ont produit, a-t-elle dit. Ils devraient peut-être nous sortir le contrat et on le saura. C'est des questions que j'ai posées.»

Par ailleurs, le Parti québécois a déposé, mercredi après-midi, une motion réclamant la nomination immédiate d'un commissaire à l'éthique, demande qui a été rejetée par le gouvernement.

Le projet de loi 48, déposé au printemps dernier par le gouvernement, prévoit la création d'un code d'éthique et d'un commissaire pour l'administrer.

Les péquistes auraient souhaité la nomination immédiate d'un commissaire qui aurait pu contribuer aux travaux mais le gouvernement a soutenu qu'il était préférable de poursuivre les travaux amorcés en commission parlementaire.