Des conservateurs de la mouvance progressiste ont choisi le premier ministre Jean Charest pour coprésider, en septembre, la célébration du 25e anniversaire de l'élection du premier gouvernement majoritaire dirigé par Brian Mulroney.

Un des organisateurs, Denis Stergiotis, est un militant déçu du leadership du premier ministre Stephen Harper et il souhaite, avec cet événement, célébrer l'héritage politique de M. Mulroney, que les ministres conservateurs sont actuellement tenus d'éviter dans le cadre de leurs fonctions à cause de la commission d'enquête sur l'affaire Mulroney-Schreiber.

«Il faut regarder les grandes réalisations de cet homme-là et ne pas oublier, a-t-il dit. Les gens savent qu'il est à l'origine du libre-échange, de l'intégration des communautés culturelles au niveau du parti. Il était 100 pour cent pour que ce soit un parti inclusif. C'était un leader qui était ouvert à tout le monde.»

Le 4 septembre 1984, le Parti progressiste conservateur (PPC), qui a depuis fusionné avec l'Alliance canadienne pour créer la formation actuelle, avait remporté 211 des 282 sièges à la Chambre des communes.

Le 18 septembre, un 5 à 7 soulignera le 25e anniversaire de l'événement dans un chic centre de réception du centre-ville de Montréal.

M. Charest, qui a été ministre conservateur et chef du PPC avant de faire le saut à Québec, en 1998, coprésidera l'événement avec l'un de ses anciens collègues, Michael Wilson, qui est ambassadeur du Canada à Washington.

M. Stergiotis a déclaré mardi que des invitations seront envoyées d'ici 10 jours et un autre membre du comité organisateur, qui a requis l'anonymat, a affirmé qu'il souhaitait voir le plus grand nombre possible de membres du conseil des ministres.

M. Stergiotis, qui a pris ses distances il y a environ trois ans de l'équipe en place dans la capitale fédérale, a affirmé qu'il souhaite la participation de M. Harper, même si dans une lettre envoyée dans un quotidien torontois, il critiquait le leadership du chef conservateur, à cause de son style proche de celui de George W. Bush.

«Je n'ai rien contre M. Harper, a-t-il dit mardi lors d'une entrevue téléphonique. (Ceux contre qui j'en ai), c'est surtout les organisateurs ou une partie de l'organisation qui est responsable pour le Québec. Ils ne sont pas inclusifs.»

Le comité organisateur de la réception soulignant la victoire de 1984, dont fait aussi partie Luc Lavoie, ancien porte-parole de M. Mulroney, souhaite aussi réunir des ministres et députés de cette période, de même que leur personnel politique.

Depuis novembre 2007, les ministres conservateurs sont soumis par M. Harper à une consigne leur interdisant de rencontrer M. Mulroney en raison de la commission Oliphant qui enquête sur ses transactions avec l'homme d'affaires Karlheinz Schreiber, et dont l'audience finale a eu lieu mardi.

Cependant, le bureau du premier ministre a cependant fait savoir, mardi à Ottawa, qu'ils pourront participer à la soirée à titre privé.

Lundi, le ministre de la Défense, Peter MacKay, et son collègue titulaire des Travaux publics, Christian Paradis, ont affirmé qu'ils n'avaient pas encore reçu d'invitation et qu'ils n'avaient pas encore d'intention quant à leur présence à la réception.

Le sénateur conservateur Pierre-Claude Nolin, connu pour sa croisade en faveur de la décriminalisation de la marijuana, s'est quant à lui montré disposé, mardi, à participer à l'événement «avec plaisir», même s'il n'a pas encore reçu d'invitation.

«C'est un événement historique dans l'histoire de notre parti et du Canada, a-t-il dit. On a participé à l'élection de 211 députés à la Chambre des communes, c'est la plus grosse majorité qui a jamais été obtenue et on est bien fiers de commémorer ça.»

Selon M. Nolin, malgré la consigne de M. Harper, qui a hérissé plusieurs proches de M. Mulroney, l'initiative de la dizaine d'organisateurs qui veulent le célébrer ne crée aucun malaise ou risque de division au sein des troupes conservatrices.

«Je ne vois pas pourquoi ça créerait des problèmes», a-t-il dit.

M. Stergiotis est du nombre des conservateurs qui auraient préféré que M. Charest succède à M. Mulroney, pour l'élection de 1993, où les conservateurs ont été pratiquement rayés de la carte électorale après la défaite de Kim Campbell.

Affirmant que son opinion n'engageait que lui-même, M. Stergiotis a expliqué mardi qu'il n'avait pas renoncé à son ambition de faire revenir M. Charest à Ottawa.

«Les gens me disent que je rêve en technicolor mais je suis au nombre de gens qui veulent former un mouvement pour que, quand le temps va arriver, - ça peut être dans cinq ans, dans dix ans - que M. Charest quittera la politique provinciale, j'aimerais essayer de faire un groupe de pression pour le convaincre de retourner sur la scène fédérale», a-t-il dit.