Jean Charest rompt avec la parité hommes-femmes au sein de son cabinet, alors qu'il impose ce principe à toutes les sociétés d'État dans la composition de leur conseil d'administration.

La présidente du Conseil du statut de la femme, Christiane Pelchat, ancienne députée libérale, parle d'un geste «décevant», d'un «recul pour les femmes».

 

Grâce au remaniement ministériel de mardi, l'économiste Clément Gignac accède au cabinet dès le lendemain de son élection. Il hérite sans surprise du Développement économique, ce qui allégera la tâche de Raymond Bachand, toujours aux commandes des Finances.

M. Gignac est le seul nouveau venu au cabinet, mais trois ministres jouent aux chaises musicales. Après quatre ans aux Affaires municipales, Nathalie Normandeau passe aux Ressources naturelles. La vice-première ministre aura le mandat de mettre en oeuvre le Plan Nord, projet cher à Jean Charest.

Le premier ministre a confié les Affaires municipales à l'ancien maire de Thetford Mines, Laurent Lessard.

Claude Béchard, nouveau titulaire de l'Agriculture, s'occupera en plus des Affaires intergouvernementales canadiennes, ce qui laisse présager un changement de ton avec Ottawa. Jacques Dupuis avait demandé à M. Charest de le délester de cette charge afin se concentrer sur ses responsabilités de leader parlementaire et de ministre de la Sécurité publique.

«Le gouvernement est élu depuis plus de six mois, donc un ajustement était, je pense, tout à fait approprié, surtout à la suite des élections partielles. Après six mois, je pense que c'était dans l'ordre des choses», a affirmé le premier ministre en conférence de presse.

Cependant, Jean Charest a annoncé «avec regret» qu'il renonce «temporairement» à la parité hommes-femmes au sein du Conseil des ministres. Le cabinet est posé de 12 femmes et 14 hommes. «La parité, malheureusement, ce n'est pas un absolu, ça ne peut pas être un absolu non plus», a-t-il affirmé.

La présidente du Conseil du statut de la femme, Christiane Pelchat, s'explique mal la décision de Jean Charest. «Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de femmes compétentes», a laissé tomber l'ancienne députée libérale.

Quel rôle pour Lessard?

Questionné afin de savoir ce que signifie l'arrivée de Laurent Lessard pour Montréal, le premier ministre a offert une réponse qui laisse peu de doute sur le rôle - de toute évidence mineur - que jouera le nouveau ministre dans la métropole.

«Raymond Bachand est toujours le ministre responsable de l'île de Montréal. Les relations sont très bonnes entre le ministre Bachand et le maire Tremblay et les autres maires d'arrondissement de Montréal. Les relations vont continuer d'être très bonnes. Ça, je n'ai aucun doute là-dessus», a-t-il répondu.

Gérald Tremblay a réagi par voie de communiqué, mardi après-midi. «Je souhaite exprimer mes plus sincères félicitations aux ministres Laurent Lessard et Clément Gignac pour leur nomination. (...) Je désire également souligner la contribution de l'ancienne ministre des Affaires municipales, madame Nathalie Normandeau, au développement de notre métropole», affirme le maire de Montréal.

Son adversaire numéro un aux prochaines élections, Louise Harel, se rappelle pour sa part que M. Lessard «a été connu comme un partisan de la fusion dans sa ville. Il connaît les avantages», a-t-elle dit.

Elle-même ancienne ministre des Affaires municipales, Louise Harel souhaite par ailleurs que le nouveau ministre soit «plus vigilant et moins passif devant les nombreux scandales» que Nathalie Normandeau.