Confrontée à une avalanche de critiques, la ministre des Transports, Julie Boulet, ouvre la porte à des modifications au projet de reconstruction de l'échangeur Turcot. Elle se dit prête à ajouter des voies réservées aux transports collectifs, ce qui répondrait en partie aux demandes de la Ville de Montréal et de la Société de transport de Montréal (STM).

Ces modifications feraient gonfler la facture du projet, mais Julie Boulet ne les a pas chiffrées hier. La ministre n'est pas allée aussi loin que sa collègue du Trésor, Monique Gagnon-Tremblay, pour qui les coûts du projet Turcot pourraient exploser de 50% à 100% comme dans le cas du nouveau CHUM.

Le projet «a été annoncé en juillet 2007 au coût de 1,5 milliard de dollars», s'est contentée de dire Mme Boulet au cours de la période des questions à l'Assemblée nationale. Elle n'a pas précisé si l'estimation demeurerait la même. Elle a toutefois souligné que «dans le 1,5 milliard, il y a 390 millions de contingences», un coussin pour faire face aux imprévus.

En Chambre, le député péquiste Stéphane Bergeron a accusé la ministre d'avoir présenté un projet qui «fait l'unanimité contre lui» aux audiences du BAPE. Julie Boulet a répondu que le dossier Turcot «est en constante évolution».

«Le projet peut être bonifié. Si la Ville demande notamment qu'on travaille, avec la STM, à des voies réservées sur l'autoroute 20 vers l'ouest jusqu'à Dorval, des voies réservées vers le centre-ville, sur la rue Saint-Jacques, alors, oui, ce seront des ajouts, et nous serons fiers de participer à ces travaux», a-t-elle affirmé. Ces nouvelles voies réservées sont présentement à l'étude et font l'objet de discussions avec la Ville et la STM.

«L'ensemble des revendications à ce jour des organismes qui se sont présentés au BAPE, concerne le transport collectif», a souligné Julie Boulet.

Or, le maire de Montréal, Gérald Tremblay, réclame de nombreux autres changements majeurs. Il demande entre autres que le projet soit réalisé en mode conventionnel, et non en partenariat public-privé (PPP). Le gouvernement Charest étudie cette option.

Gérald Tremblay propose également que des nouvelles voies réservées aux transports collectifs soient mises en place dans l'ensemble du réseau autoroutier, y compris les autoroutes 10, 15, 20, 25 et 40. La proposition du président de la Société de transport de Montréal, Michel Labrecque, est à peu près la même. Il demande «d'inclure une solution globale de transports collectifs permanente et intégrale, sur l'ensemble de l'axe est-ouest, en lien avec le réseau routier supérieur, soit les autoroutes 10, 15, 20 et 40».

Une nouvelle voie réservée entre Dorval et Montréal-Ouest, comme l'envisage Julie Boulet, aurait une distance d'environ 11 km. Sa construction serait complexe puisque ce secteur est fort achalandé. Le cabinet de la ministre n'a fourni aucun détail sur cette éventuelle voie réservée tout comme sur celle en direction du centre-ville.

Le projet actuel prévoit une seule voie réservée, dans l'axe de l'autoroute 20, de Montréal-Ouest jusqu'aux stations de métro Saint-Henri et Lionel-Groulx. Le ministère des Transports (MTQ) n'en a précisé ni le coût ni la distance - elle serait d'environ 8 km.

Le MTQ a ajouté cette voie réservée à la hâte, tout juste avant le début des audiences du BAPE. La Ville de Montréal et la STM en ont appris l'existence en même temps que la population. Le projet initial ne prévoyait en effet aucune voie réservée aux transports collectifs.