Pour dénoncer le fait que la ministre des Aînés, Marguerite Blais, ait attendu «trop longtemps» avant de déposer le rapport annuel 2007-2008 du Conseil des aînés, l'opposition officielle a déposé le document, hier matin à l'Assemblée nationale. Un geste inusité, qui prouve que la ministre Blais a mal géré ce dossier, selon la critique péquiste en matière de personnes âgées, Lisette Lapointe.

«Le Conseil des aînés a déposé son rapport annuel en août 2008. À partir de ce moment, la ministre avait 30 jours pour le déposer. Elle ne l'a pas fait. Elle a dit qu'il n'était pas conforme et a fait changer des détails. Mais quand je regarde, je ne vois vraiment pas ce qui n'était pas correct, commente Mme Lapointe. C'est museler un conseil que de refuser de déposer un rapport annuel!»

Même son de cloche du côté du président démissionnaire du Conseil des aînés, Georges Lalande. «La ministre nous a fait changer des virgules. Pourtant, nos rapports annuels utilisent le même squelette depuis 15 ans et tout a toujours été correct!» dénonce M. Lalande, qui voit le geste de Mme Blais comme une «ingérence dans le Conseil des aînés».

Le même sort a été réservé au Plan stratégique du Conseil des aînés, selon Mme Lapointe, qui a aussi déposé le document, hier. «C'est assez particulier que l'opposition dépose ces documents avant le gouvernement!» note Mme Lapointe.

La ministre Blais affirme que lorsqu'elle a reçu le rapport annuel du Conseil des aînés en août 2008, certains détails «n'étaient pas conformes à la loi». «Dans le document, le Conseil se donnait le mandat de défendre les droits des aînés, alors que leur rôle est de les promouvoir, remarque Mme Blais. Ce n'est pas grand-chose, mais c'est important.»

«Nous avons accepté ce changement. Mais après, la ministre a demandé une série d'autres modifications. Elle a voulu soumettre le Conseil à ses volontés», répond M. Lalande, qui a annoncé sa démission la semaine dernière.

De son côté, Mme Blais se défend d'avoir voulu retarder le dépôt du rapport annuel en s'ingérant dans les décisions du Conseil des aînés. Elle ajoute n'avoir reçu le document final avec les modifications «que vendredi dernier». «J'allais le déposer cette semaine», dit-elle.

Pour Mme Blais, le fait qu'une ministre se consacre maintenant aux aînés amène plus de surveillance. «On est un ministère en devenir. On est plus nombreux à s'occuper des dossiers. Et moi, je pose des questions», dit Mme Blais.