Selon le ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, l'heure n'est pas encore venue pour Québec de décider si une enquête publique doit être déclenchée dans le secteur de la construction.

Il répondait mardi à la chef de l'ADQ, Sylvie Roy, qui a repris les révélations de La Presse sur la pénétration du milieu de la construction par le monde interlope. Au moment où il s'apprête à injecter 42 milliards de dollars dans la construction d'infrastructures publiques, Québec devrait, selon elle, aller vérifier en constituant une commission d'enquête publique pour mettre en lumière ce qui se passe dans l'industrie de la construction.

«C'est évident, tout le monde sait qu'il y a eu plusieurs perquisitions. Il y a des enquêtes policières, la meilleure façon d'entraver leur travail serait justement de créer une commission d'enquête publique», de soutenir le ministre Dupuis.

Pour lui, puisque les agents de la Sûreté du Québec sont des représentants du gouvernement, il est faux de soutenir que le gouvernement reste impassible devant ces allégations. «Quand ils enquêtent, quand ils font des perquisitions, quand ils donnent des dossiers au procureur de la couronne, ils sont des agents de l'État. C'est parce que l'État travaille pour débarrasser la société de gens qui voudraient agir illégalement», a soutenu M. Dupuis.

Mme Roy signale que «d'autres gouvernements ont eu beaucoup plus de courage. La Commission Cliche en 1974 et la Commission Gomery plus récemment se sont déroulées pendant des enquêtes policières. Ça n'a pas l'air de déranger le gouvernement que l'argent des contribuables profite au crime organisé», de soutenir l'adéquiste.

Pour le ministre du Travail David Whissell, le gouvernement n'a pas refusé de tenir une enquête, mais il se posera des questions sur l'opportunité d'une telle démarche une fois seulement que la police aura terminé son travail.

Furieux, dans un point de presse à Montréal, le maire Tremblay a soutenu qu'il était allé voir la police dès qu'il avait entendu parler «d'enveloppes brunes». Selon lui, toutefois, le problème touche la corruption dans l'industrie de la construction - l'intégrité de son administration n'est pas en cause.

À Québec, on approuvait les gestes faits par le maire. «Il a dit que, dès qu'il en a entendu parler, il a appelé à police. Je pense que, quand il y a des allégations de corruption, il faut appeler la police, il faut qu'elle enquête. Et j'espère que, si les allégations sont exactes, ils vont arrêter les bandits», a dit de son côté le ministre responsable de Montréal, Raymond Bachand.