Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, ne lâchera pas prise malgré le rejet par une majorité de députés fédéraux du projet de loi de son parti, qui proposait l'application de la loi 101 aux entreprises fédérales du Québec régies par le Code canadien du travail.

C'est ce qu'a déclaré M. Duceppe, qui prenait part samedi à un grand rassemblement à Montréal, orchestré par le Mouvement Montréal français (MMF), visant à faire pression sur Québec et Ottawa pour l'établissement du français comme langue commune des services publics au Québec.

M. Duceppe a soutenu qu'on aurait dû s'attendre à ce que les autres partis fédéraux reconnaissent qu'au Québec, la langue de travail, c'est le français.

«Le rejet de ce projet de loi, ça veut dire qu'il y a encore 200 000 travailleurs qui ne jouissent pas des prescriptions de la loi 101, dans les banques, les aéroports, les ports, les entreprises de télécommunications. C'est beaucoup de monde», a-t-il estimé.

Il a fait valoir que si le chef du Parti libéral du Canada, Michael Ignatieff, avait reconnu symboliquement la nation québécoise, il ne semblait pas vouloir reconnaître la langue de cette nation, et agir pour sa survie.

M. Duceppe a aussi soutenu qu'il fallait donner aux nouveaux arrivants les moyens d'apprendre le français, et a souhaité que les programmes de francisation au Québec soient bonifiés.

«Si on avance pas, on recule. Ceux qui viennent nous rejoindre, il faut leur donner les moyens d'apprendre le français, et que ça devienne, pour eux, quelque chose d'essentiel pour vivre au Québec», a-t-il ajouté.

Le chef du Bloc québécois n'a pas voulu commenter le sondage de la firme Nanos, dont fait état La Presse, samedi, qui accorde aux troupes de Michael Ignatieff des appuis de 38 pour cent au Québec, contre 35 pour cent pour le Bloc, et 12 pour cent pour les conservateurs.

M. Duceppe a affirmé que le Bloc «gagnait les élections», et que c'est ce qui importait. Il a souligné que Paul Martin, et puis Stephen Harper, devait faire disparaître le Bloc, et que pourtant, son parti est toujours bien vivant.

Plusieurs autres personnalités ont participé à l'événement, dont la chef du Parti québécois Pauline Marois. Les grandes centrales syndicales, FTQ, CSN et CSQ, y étaient également représentées.

Mme Marois a fait écho aux propos du chef du Bloc. «Nous allons revenir à la charge. C'est inadmissible qu'une loi fondamentale pour le Québec comme la loi 101 ne s'applique pas dans les entreprises à charte fédérale. Si Jean Charest ne peut pas se tenir debout, nous, nous allons le faire comme gouvernement», a-t-elle déclaré. La chef du PQ a aussi rappelé l'engagement de son parti envers la francisation des entreprises et des commerces de moins de 50 employés.

Le président du Mouvement Montréal français, Luc Thériault, souligne que les services publics à Montréal jouent un rôle crucial dans l'accueil et la francisation des nouveaux arrivants. Selon lui, le français dans les services publics est la condition première pour permettre l'inclusion de tous les citoyens et pour assurer l'avenir du français au Québec.