Le Parti québécois s'est placé dans une situation embarrassante en pensant donner un coup de pouce à la campagne de son candidat Paul Crête pour l'élection complémentaire de Rivière-du-Loup. La tenue d'un rassemblement partisan, la Conférence nationale des présidents de circonscription, devait être comptabilisée comme dépense électorale, a statué hier le Directeur général des élections (DGE), Marcel Blanchet.

En début de soirée, officiellement, on tergiversait encore dans l'entourage de Pauline Marois. Mais on pourrait sonner la retraite aujourd'hui et annoncer que la conférence se tiendra dans une autre circonscription.

Le dépassement des dépenses autorisées dans Rivière-du-Loup aurait donné prise à une contestation de l'élection par le candidat libéral Jean D'Amour, s'il était battu.

C'est d'ailleurs le PLQ - par la voix de Me André Ryan, le responsable de la commission juridique - qui a porté plainte au DGE. Un citoyen de Rivière-du-Loup a aussi porté plainte au bureau de Marcel Blanchet car, à la veille de faire le saut en politique provinciale, le député bloquiste Paul Crête a fait distribuer aux frais des contribuables un dépliant sur son bilan, dans chaque foyer de la circonscription.

De Drummondville à Rimouski

La conférence des présidents de circonscription, prévue pour le 13 juin, devait à l'origine se tenir à Drummondville, jusqu'à ce que les conseillers de Pauline Marois décident qu'il serait plus stratégique de se réunir à Rivière-du-Loup, en prévision du scrutin du 22 juin.

Pascal Monette, le porte-parole de Mme Marois, s'est dit «surpris» hier de la position du DGE, qui ne correspond pas du tout selon lui aux discussions entre un permanent du PQ, Pierre Séguin, et un employé du DGE, Denis Lafond.

Il avait été convenu qu'une partie des coûts de la réunion serait comptabilisée comme dépenses électorales, environ 1000 $ sur les 70 000 $ que coûte un tel rassemblement. Porte-parole du PQ, Manuel Dionne a de son côté tenu à «rectifier les faits : il va de soi que nous avons vérifié auprès des autorités compétentes du bureau du DGE les conséquences de la tenue de la conférence dans cette circonscription». Comme il s'agit d'un événement statutaire, national, «nous respectons donc entièrement la Loi électorale», de dire M. Dionne.

Or, pour Denis Dion, porte-parole du DGE, il est clair que l'ensemble de cet événement est destiné à faire la promotion du candidat péquiste. Les stratèges péquistes l'ont même inscrit en toutes lettres sur le site internet du parti. On promettait de «ne ménager aucun effort» pour assurer l'élection du candidat Crête, expliquant même que c'était pour cette raison précise que la réunion de Drummondville se tiendrait à Rivière-du-Loup.

Pour le DGE, Marcel Blanchet, la décision de cibler cette circonscription «est un geste concret posé en campagne électorale». Le DGE «considère que si cette rencontre est effectivement tenue à Rivière-du-Loup, il y a aura dépense électorale».

Or, «il y a un risque pour le parti que ce montant soit élevé et que cela amène un dépassement du maximum de dépenses permis». Normalement le candidat Crête ne peut dépenser plus de 62 000 $ pour sa campagne électorale et la seule conférence des présidents forcerait un dépassement automatique des dépenses autorisées.