La destitution du PDG de la Société de développement des entreprises culturelles, Jean-Guy Chaput, coûtera 108 462$ aux contribuables, soit exactement la somme qu'il aurait obtenue s'il était resté à la barre de l'organisme jusqu'à la fin de son mandat.

Même s'il a démis M. Chaput de ses fonctions, hier, le gouvernement Charest a décidé de le garder au ministère de la Culture, au même salaire, jusqu'à la fin prévue de son contrat, le 3 octobre; en plus de 48 205$ pour quatre mois de travail, il lui versera une prime de départ de 60 257$.

Québec a conclu une entente en ce sens avec M. Chaput afin d'éviter une coûteuse «bataille» devant les tribunaux, a indiqué la ministre de la Culture, Christine St-Pierre, à la sortie d'une réunion du Conseil des ministres, hier. Les négociations ont été menées par le Secrétariat aux emplois supérieurs, qui relève du Conseil exécutif, le ministère du premier ministre.

«Pour le moment, c'est un accord responsable», a dit Mme St-Pierre, qui voit Jean-Guy Chaput rejoindre son ministère pour quatre mois.

M. Chaput, dont les dépenses ont été qualifiées de «somptuaires» par le vérificateur général, envisageait de poursuivre le gouvernement s'il décidait de lui montrer la porte. Aucun motif ne justifiait sa destitution, selon lui. Ces menaces ont refroidi Québec. M. Chaput obtient maintenant les mêmes avantages financiers que s'il était demeuré à la tête de la SODEC jusqu'au terme de son mandat de cinq ans.

La semaine dernière, selon Christine St-Pierre, il n'était pas souhaitable que M. Chaput obtienne un dédommagement. «Je ne pense pas que les contribuables seraient contents», disait-elle. Le contrat type des grands commis de l'État prévoit qu'ils peuvent être congédiés pour faute lourde, «maladministration», sans dédommagement. Québec a renoncé à se prévaloir de cette clause. «S'embarquer dans une bataille judiciaire aurait duré des années et aurait coûté des centaines de milliers de dollars aux contribuables», a souligné la ministre.

Comme La Presse l'a révélé plus tôt cette semaine, Gilles Corbeil agira à titre de PDG par intérim à la SODEC. Il était directeur général, Disque et spectacle de variétés. Le conseil d'administration de la SODEC devrait soumettre une recommandation à la ministre en septembre concernant la nomination d'un nouveau PDG.

Jean-Guy Chaput a été plongé dans la controverse à la suite du dépôt d'un rapport du vérificateur général, il y a deux semaines. Renaud Lachance a révélé que M. Chaput séjournait dans une chambre à 1330$ la nuit lors de son passage au Festival de Cannes. Les frais de déplacement et de représentation des dirigeants et employés de la SODEC ont augmenté de plus de 80% en cinq ans, depuis le début du mandat de M. Chaput. Ils sont passés de 212 000$, en 2003-2004, à plus de 390 000$ l'an dernier. Les dépenses seules du PDG ont atteint 48 000$ l'an dernier.

Jean-Guy Chaput a défendu sa gestion de la SODEC la semaine dernière. Sa sortie n'a pas convaincu le conseil d'administration, qui a confirmé que ses dépenses étaient outrancières. Il a recommandé au gouvernement de destituer M. Chaput et de lui verser une prime de départ prévue à son contrat. Le gouvernement a acquiescé à cette recommandation. Pendant quatre mois, M. Chaput touchera le même salaire que s'il était resté PDG de la SODEC. Au cours de la dernière année, il a gagné 144 117$; il recevra donc 48 205$ pour son travail à la Culture.

Puis, le 3 octobre, M. Chaput partira avec une prime de 60 257$. Cette somme équivaut à un mois de salaire par année de service (cinq dans le cas de M. Chaput), «comme dans tous les contrats du gouvernement», a précisé Christine St-Pierre.

Jean-Guy Chaput travaillera au cours des prochains mois «sous la direction» de la sous-ministre à la Culture afin de la «conseiller» dans le dossier de la numérisation. «Il ne sera pas payé à ne rien faire», a dit la ministre. Elle a tenu à préciser que «M. Chaput n'aura pas de carte de crédit, n'aura pas de frais de représentation, à moins qu'il ait à se déplacer dans le cadre de ses fonctions, ce qui m'étonnerait beaucoup».

Pour justifier la destitution, la ministre a indiqué que «M. Chaput gérait mal les frais de représentation» et que «cette situation ne pouvait plus durer».