La mère des fusions municipales ne pourra pas compter sur l'appui unanime des péquistes de Montréal, prédit Martin Lemay, critique du PQ sur les questions municipales et ex-maire de l'arrondissement de Ville-Marie.

Ses convictions souverainistes, son héritage des fusions municipales, «c'est clair qu'elle aura un mur à traverser... Beaucoup s'en souviennent, souhaitons que la campagne ne se fasse pas là-dessus, mais cela sera difficile pour elle», prédit M. Lemay.

 

Adversaire des fusions municipales avant d'être porté au pouvoir, Jean Charest a rendu hommage aussi à Mme Harel, soulignant que les électeurs apprécieront «sa feuille de route». Il n'a pas l'intention de participer au débat municipal. Les relations étaient au beau fixe avec l'administration Tremblay, convient-il, mais il «se fera un point d'honneur de travailler avec ceux et celles qui sont élus par nos concitoyens».

La ministre des Affaires municipales Nathalie Normandeau a salué la décision de Mme Harel, qui va décupler l'intérêt pour la campagne, et par conséquent avoir un effet positif sur la participation, estime-t-elle.

Fin avril, à l'Assemblée nationale, Mme Normandeau avait été bien moins aimable à l'endroit de Mme Harel. «S'il y a une ministre qui a traité le milieu municipal québécois avec condescendance, c'est bien le Parti québécois à l'époque, et de surcroît avec Louise Harel», avait-elle lancé.

Pour Pauline Marois, il faut saluer cette décision, «Louise Harel est une amie, une femme d'expérience, qui se porte candidate à la mairie de la ville la plus importante au Québec», a résumé Pascal Monette, son attaché de presse.

Péquistes partagés

La décision de Mme Harel de plonger dans l'arène municipale n'a pas vraiment surpris ceux qui la connaissent depuis longtemps, confie-t-on chez les péquistes, où on ne prêtait pas foi à ses constants démentis quant à ses intentions réelles.

«C'est une bonne nouvelle, il va y avoir une vraie campagne à Montréal, cela va relever les enjeux», estime M. Lemay, un ancien conseiller municipal sous Pierre Bourque.

Au sein du PQ, «même si Mme Harel est une candidature de haut rang, les appuis péquistes vont se diviser, comme ils l'ont toujours un peu fait», selon lui.

Des sources péquistes constatent qu'on voit déjà les gens s'aligner au sein de l'organisation Harel-Labonté; Francine Lahaye, l'amie de longue date, ne sera pas loin pour faire des suggestions stratégiques. En revanche, au PQ on observe qu'André Lavallée, l'ancien employé de Mme Harel au cabinet des Affaires municipales, n'a pas l'intention d'abandonner l'administration Tremblay. Déjà il avait des hésitations à appuyer l'administration Tremblay, avec la cascade des scandales - il choisira de se faire réélire maire de son arrondissement, Rosemont-La Petite-Patrie tout en sachant bien qu'au niveau de la mairie, ses supporters iront à Mme Harel.

Lavallée, observe-t-on, conserve avec lui Richard Filiatrault, un organisateur important pour quiconque veut rejoindre les péquistes à l'est du boulevard Saint-Laurent.

Réal Ménard, le député bloquiste qui devait rejoindre bientôt l'équipe Tremblay, fera peut-être un virage en U sur l'autoroute entre Ottawa et Montréal. Il ne pourra pas se présenter contre Louise Harel, prédit-on.

Historiquement il n'y a pas eu souvent de mot d'ordre pour rallier les péquistes derrière un candidat à la mairie, hormis l'épisode de Jean Doré où le ralliement s'était fait spontanément.

Pour cette campagne, les militants péquistes seront partagés, même si plusieurs sont déçus de l'administration Tremblay. Le parti Projet Montréal reste aussi une inconnue, mais confieront des péquistes montréalais, «c'est l'équivalent du PQ-Montréal centre de l'époque, Mme Harel sait très bien ce que cela signifie», ironise-t-on.

Son colistier Benoit Labonté ne perçait pas dans les sondages. Ancien chef de cabinet de Paul Martin, il avait été pendant cinq ans président de la chambre de commerce. Mais on peut se demander si son ascendant auprès des fédéralistes et des gens d'affaires sera suffisant pour «contrebalancer» les handicaps de Mme Harel, pour ce même électorat; elle ne parle pas anglais et est souverainiste.