Dure journée pour le ministre de la Santé, Yves Bolduc. Ses réponses approximatives dans le dossier des tests de cancer erronés l'ont forcé à s'excuser hier auprès d'un cadre de l'Institut national de la Santé.

Malmené à la période des questions à l'Assemblée nationale, le ministre de la Santé a maintes fois insisté pour dire qu'avant la semaine dernière, le gouvernement n'avait pas été mis au courant de l'étude qui indiquait que, dans certains laboratoires, on retrouvait jusqu'à 30% de réponses erronées pour les tests de cancer du sein.

 

Québec, indiquent des sources proches du dossier, veut casser l'impression qu'il était au courant du problème depuis longtemps - la possibilité d'un recours collectif des patientes a longuement été discutée lors de la rencontre à huis clos qu'a eue le ministre Bolduc avec les pathologistes et les hémato-oncologues, dimanche, à Montréal.

Émotif, paraissant fatigué, hier, le ministre Bolduc a soutenu qu'il ne pensait pas comme un politicien, mais comme un médecin dans ce dossier angoissant pour des milliers de patientes. «Il faut valider, voir s'il y a eu des patientes qui n'ont pas eu le traitement qu'elles devaient avoir. Yves Bolduc, comme médecin, éthicien, n'a qu'un devoir, ce n'est pas de survivre politiquement, c'est de rassurer les patientes avec des données fiables», a soutenu le ministre.

«Si j'ai commis des fautes, je les assumerai», a-t-il précisé. «Personne ne peut prédire les résultats des femmes qu'il faudra retester. Il faut se mettre au-dessus de la politique. Ce n'est pas un dossier de communications, mais un dossier santé», a-t-il insisté, clairement ébranlé.

Des excuses

Le Dr Louis Gaboury, président de l'Association des pathologistes, avait transmis son étude dès le 30 avril à Louise Fauvel, de l'Institut national de santé publique.

«Il avait envoyé un courriel à une secrétaire qui était en congé de maladie, le courriel n'a pas été ouvert», a dit le Dr Bolduc à l'Assemblée nationale.

Or, Mme Fauvel, «coordonnatrice de la recherche et de la gestion de projet», est conseillère-cadre à l'Institut, et l'une des spécialistes du VIH-Sida au Québec. Elle a collaboré à plusieurs études publiées par le Journal of Clinical Microbiology. Dans un courriel transmis vendredi au cabinet de M. Couillard, la spécialiste avait indiqué avoir reçu la documentation du Dr Gaboury le 30 avril, un jeudi, mais n'en avoir pris connaissance que le lundi suivant, le 4 mai, parce qu'elle avait été absente une journée pour des raisons de santé. Jusqu'à la fin mai, elle avait tenté sans succès de joindre le Dr Gaboury.

«M. Bolduc va communiquer avec Mme Fauvel pour s'excuser», disait laconiquement en fin de journée son attachée de presse, Marie-Ève Bédard.

Tirs de l'opposition

Par ailleurs, le député péquiste Bernard Drainville a fait une recension sans quartier des déclarations du ministre Bolduc depuis la semaine dernière. «Cela ne veut absolument pas dire que l'ensemble des patientes a reçu le bon diagnostic dans tous les cas», a lancé le péquiste, citant le ministre. M. Drainville a rappelé que le ministre Bolduc avait parlé de «la majorité» des patientes qui avaient eu le bon diagnostic.

Après avoir dit que l'étude du Dr Gaboury était «explosive», le ministre avait ajouté: «Je ne peux rassurer personne», dans son point de presse de samedi. Et dimanche, le ministre Bolduc avait trouvé des coupables: les médias et le président de la Fédération des médecins spécialistes, Gaétan Barrette. «La dernière chose dont la population a besoin, c'est une chicane de docteurs», a lancé le député péquiste.

Selon Éric Caire, critique de l'ADQ pour la santé, le premier ministre Charest devrait changer de ministre de la Santé. On a d'ailleurs remarqué que Jean Charest n'était pas allé au secours de son ministre, comme il l'avait fait vendredi dernier. Le leader parlementaire du gouvernement, Jacques Dupuis, n'a pas plus tenté de s'interposer pour freiner les tirs de l'opposition vers le ministre de la Santé.