Méga-chantier hydroélectrique, création d'emplois en dépit de la période difficile et, en prime, une grosse prise à titre de candidat aux partielles: les astres semblaient bien s'aligner pour les libéraux, réunis pour la première fois depuis l'élection de décembre dernier.

Mais quelques controverses ont assombri hier le ciel de Jean Charest et son parti. Plongé dans l'embarras, le président du PLQ, Jean D'Amour, avait choisi de rester dans Rivière-du-Loup pour faire campagne plutôt que de venir à ces retrouvailles. Surtout, les abus de dépenses du président de la SODEC, Jean-Guy Chaput, bien proche aussi des libéraux, ont déclenché une autre controverse agaçante pour les stratèges du parti.

 

Dans son discours, enflammé, aux 600 militants réunis, Jean Charest a rappelé l'inauguration toute récente du chantier de la Romaine, un barrage de 6,5 milliards, un ouvrage d'une envergure telle qu'il prendra 10 ans à réaliser. «Dix ans de travail pour les Québécois pour faire ce qu'on fait de mieux au monde, de l'énergie propre... renouvelable.»

Pour lui, le destin du Québec est tout droit tracé. «C'est l'avenir du Québec... Être la première puissance mondiale des énergies renouvelables. C'est là que je veux conduire le Québec», a-t-il martelé. La filière nucléaire, que préconisait le Parti québécois dans les années 70, «nous aurait laissé une vingtaine de centrales tout le long du fleuve». À la sortie de la salle, le PLQ distribuait un dépliant dans lequel M. Charest, comme Adélard Godbout, Jean Lesage et Robert Bourassa, étaient décrits comme de «grands bâtisseurs du Québec».

L'annonce de la candidature de Clément Gignac pour le PLQ dans Marguerite-Bourgeoys a galvanisé les libéraux. Et Jean Charest n'a guère laissé de doute sur son accession au Conseil des ministres en le présentant comme «l'un des meilleurs économistes au Canada... qui se joint au gouvernement pour traverser la tempête et préparer l'avenir». Le Québec a créé, depuis le début de 2009, 60% des 36 000 nouveaux emplois au Canada. «L'emploi, c'est notre obsession. Celle du PQ, on la connaît, c'est la souveraineté... Ils veulent refaire la bataille des plaines d'Abraham», a ironisé Jean Charest. L'accélération des projets d'infrastructures a créé 100 000 emplois, a-t-il rappelé, rendant hommage à Monique Jérôme-Forget, qui a démissionné en avril, quatre mois après avoir été élue.

Portant sur «l'énergie source d'emploi», le rassemblement libéral entendra aujourd'hui Christoph Frei, le secrétaire du Conseil mondial de l'énergie, une sommité mondiale dans ce secteur. L'organisme regroupe 90 pays et tiendra son prochain congrès à Montréal en septembre 2010 - l'ancien chef de cabinet du premier ministre Charest, Stéphane Bertrand, avait reçu une nomination d'Hydro-Québec pour organiser le congrès.

Controverses

Si elle s'est bien terminée, la journée de Jean Charest avait débuté plus difficilement. De passage dans Marguerite-Bourgeoys pour annoncer son candidat vedette pour l'élection complémentaire du 22 juin, l'économiste Clément Gignac, M. Charest a plutôt dû répondre à des questions embarrassantes sur les notes de frais «somptuaires» du président de la SODEC, Jean-Guy Chaput, mises en lumière dans le rapport du vérificateur général, cette semaine. Il s'agit de gestes «inacceptables» que devra juger le conseil d'administration de l'organisme, s'est contenté de dire M. Charest.

Amie de longue date de M. Chaput, Line Beauchamp, qui l'avait nommé à la présidence de la SODEC quand elle était aux Affaires culturelles, a rappelé que M. Chaput avait déjà reçu des rappels à l'ordre de l'Assemblée nationale, le vérificateur ayant déjà critiqué sa gestion dans le passé. Il appartiendra au conseil d'administration de l'organisme de décider de son sort - c'est le président du conseil, le mandarin Jean Pronovost, qui avait demandé l'intervention du vérificateur Renaud Lachance.

Pour la première fois, le président du PLQ était absent à un conseil général. C'est que Jean D'Amour, ancien maire de Rivière-du-Loup, devait faire campagne dans l'ancienne circonscription du chef de l'ADQ, Mario Dumont. M. D'Amour semble dans le pétrin. Il fait l'objet d'une enquête par le commissaire au lobbying. L'ancien maire a fait des démarches pour sa firme BPR, auprès de son successeur Michel Morin, sans s'inscrire au registre des lobbyistes. En outre, en début d'année, il a aussi dû plaider coupable à une accusation de conduite en état d'ébriété. C'est par vidéoconférence qu'il s'est adressé aux militants hier soir, les invitant à venir appuyer sa campagne contre l'ex-bloquiste Paul Crête. Pour plusieurs ministres libéraux, cette absence s'explique facilement - M. D'Amour se devait de faire campagne, en prévision de l'élection complémentaire du 22 juin.