Les préjugés envers les homosexuels sont plus répandus dans les communautés ethnoculturelles du Québec, mais ils tendent à s'estomper avec les générations, révèle un sondage rendu public hier matin.

À la lumière des résultats de l'enquête, la ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles, Yolande James, a annoncé un investissement de 150 000$ pour contrer l'homophobie chez les immigrés.L'étude sur les perceptions et opinions des communautés culturelles à l'égard de l'homosexualité a été menée par Léger Marketing pour le compte de la fondation Émergence. Elle révèle que 44% des Québécois d'origine étrangère pensent que l'homosexualité est «anormale».

Une orientation gaie ou lesbienne serait également plus difficile à accepter chez les nouveaux arrivants. La moitié des immigrés de première génération estime que l'homosexualité est «normale», et 71% de ceux de la deuxième génération. À titre de comparaison, 83% des Québécois sont «à l'aise» avec l'homosexualité, selon un sondage similaire de Léger Marketing publié en avril 2008.

Résultats «encourageants»

Malgré cette différence, le président de la fondation Émergence, Laurent McCutcheon, estime que la diminution du clivage entre les générations d'immigrés est «rassurante». Il croit toutefois qu'il faut faire davantage de sensibilisation dans les groupes ethniques, car seulement 3% des personnes interrogées connaissent des organismes de défense des droits des personnes homosexuelles.

«Nous avons besoin de porte-parole, d'ambassadeurs issus des groupes culturels», explique l'homme qui milite pour les droits des gais depuis les années 70.

«Lorsque les immigrants arrivent au Québec, ils sont généralement pris en charge par leurs compatriotes. Le problème, c'est que les opinions négatives par rapport à l'homosexualité y sont plus répandues en raison de la reproduction des croyances et valeurs de leur pays de naissance. Sortir du placard est donc encore plus difficile.»

Différences régionales

Les répondants au sondage sont également divisés selon leur pays d'origine. Les Québécois d'origine africaine ou asiatique sont plus nombreux à considérer l'homosexualité comme quelque chose de négatif que ceux provenant d'Europe de l'Ouest.

Sur la question du mariage entre conjoints de même sexe, 49% des répondants voudraient abolir ce droit. Dans la population d'origine africaine, le pourcentage grimpe à 73%.

Par ailleurs, 70% des Québécois originaires d'Amérique du Sud et d'Amérique centrale considèrent que l'homosexualité est normale, tandis que seulement 59% des répondants d'origine africaines sont de cet avis.

Le sondage a été réalisé auprès de 500 personnes entre le 26 mars et le 11 avril 2009. La marge d'erreur maximale est de 2,6 points de pourcentage, 19 fois sur 20.