Québec, 29 novembre 2008. En pleine campagne électorale québécoise, Éric Caire, député de La Peltrie, livre un bref discours dans sa circonscription, avant d'inviter le chef de l'ADQ, Mario Dumont, à s'adresser aux militants. Son ton est alors vif, sa présence imposante, son charisme manifeste. Tellement qu'un collègue journaliste d'un quotidien anglophone, peu habitué à la colline parlementaire de Québec, me glisse à l'oreille : « Est-ce que c'est lui, le prochain chef de l'ADQ ? »

C'était un peu après la mi-campagne. L'ADQ périclitait, - à 12 % dans les sondages - et déjà, le départ possible du chef était sur toutes les lèvres. Ce n'est pas un hasard si, dès l'annonce du départ de Mario Dumont, les micros se sont tournés vers le député de La Peltrie. Des 40 adéquistes qui ont entouré le chef de l'opposition officielle à l'Assemblée nationale pendant 18 mois, Caire a été de loin celui qui s'est fait le plus rapidement remarquer.

Pendant plus d'un an, en chambre, il a tenu tête à un des ministres les plus solides du gouvernement Charest, Philippe Couillard, même si, de son propre aveu, l'adéquiste ne connaissait rien en santé.

« Je n'ai pas peur de m'entourer de gens qui ont les compétences dont j'ai besoin pour mener à bien les projets, explique le principal intéressé. Je pense avoir fait la démonstration que je suis capable de maîtriser assez rapidement des dossiers complexes. »

Militant depuis 10 ans dans le parti de Mario Dumont, Éric Caire représente l'adéquiste type : 43 ans, père de famille (il attend un quatrième enfant en juin), informaticien, politicien de terrain. Même sa conjointe, Marie-Ève Lemay, travaillait pour l'ADQ, jusqu'à la débâcle électorale de 2008.

Après une tentative « symbolique » comme candidat indépendant à la mairie de L'Ancienne-Lorette, en 2001, il se présente sous la bannière adéquiste dans La Peltrie, à Québec, en 2003.

En tête des sondages quelques mois auparavant, l'ADQ mort la poussière au fil d'arrivée, avec seulement quatre députés, dont le chef. Après cet échec cuisant, « il a été de ceux qui ont blâmé l'entourage immédiat de Mario Dumont, estimant qu'il avait été mal conseillé », révèle une source adéquiste, autrefois proche de l'ex-chef du parti.

Profondément déçu, Caire se lance dans une tournée du Québec pour comprendre ce qui s'est passé. Un exercice qui a été profitable, selon lui.

« Je pense que les leçons de 2003 nous ont menés à 2007, où on a eu une campagne bien structurée, sur les bons objectifs », soutient le député, n'hésitant pas à s'attribuer une part du mérite.

Arrive un deuxième scrutin en 20 mois, qui tourne au vinaigre pour les adéquistes. Puis, le départ, soudain, du cofondateur du parti.

« Je ne l'ai pas vu venir. Ça a été tout un choc », dit Éric Caire. Pragmatique, rationnel, il retombe rapidement sur ses pieds. Après consultation auprès de son entourage - conciliation travail-famille oblige -, il se lance dans la course. Mais sa campagne ne part pas du bon pied. Moins de 24 heures après avoir présenté son attaché de presse aux journalistes, il doit le congédier, après la diffusion d'un communiqué bourré de fautes.

Richard Merlini, ancien député adéquiste de Chambly qui copréside sa campagne, estime que la page est tournée et décrit son candidat comme persévérant, rigoureux et cohérent.

« On nous reprochait souvent, quand on était l'opposition officielle, d'être des girouettes. La question ne se posera pas avec Éric Caire », croit M. Merlini, qui partage la tâche avec l'ancien député de Berthier, François Benjamin.

Le choix des coprésidents de sa campagne n'est pas irréfléchi : en plus de provenir tous deux de régions hors de Québec, Merlini représente l'aile fédéraliste dans le parti, Benjamin a plutôt un passé souverainiste.

« Pour moi c'était important. Il faut qu'on incarne ce que c'est l'autonomie, conclut le candidat à la direction. Il va falloir que l'autonomie devienne un terrain d'atterrissage pour les fédéralistes nationalistes et pour les souverainistes qui pensent que le Canada, c'est quand même pas le tiers-monde. »

Fiche signalétique

Nom : Éric Caire

Âge : 43 ans, père de quatre enfants

Parcours : informaticien, milite à l'ADQ depuis 10 ans, candidat en 2003, élu en 2007, réélu en 2008.

Attachement à l'ADQ : « L'ADQ, c'est un parti qui a cette capacité à se renouveler, amener des nouvelles idées et aborder des sujets qu'on n'aborde pas en politique généralement. »

Principale qualité : grand communicateur, il a l'avantage d'être le seul élu dans la course.

Principal handicap : peu de liens avec le monde des affaires.