Le Parti québécois mène une campagne contre les fonds FIER qui va démobiliser les investisseurs privés et miner le développement régional, accuse la vice-première ministre, Nathalie Normandeau.

Au cours d'une interpellation sur le thème du développement régional, vendredi à l'Assemblée nationale, la ministre Normandeau a reproché au PQ de véhiculer des faussetés en affirmant que les règles des fonds régionaux d'investissement (FIER) avaient été modifiées en cours de route, afin de leur permettre d'investir dans les grands centres.

Comme l'avait fait la veille son collègue François Legault, le député péquiste Sylvain Pagé a brandi vendredi une déclaration de l'ex-ministre des Finances, Yves Séguin, datant d'avril 2004, laissant croire que les fonds FIER devaient effectuer la totalité de leurs investissements dans leur région d'origine.

«On ne veut pas que ces fonds-là servent à des projets à Montréal ou Québec (...) c'est les grandes régions du Québec qui ont besoin d'aide», avait-il alors affirmé en commission parlementaire.

Le député péquiste de Labelle a donc affirmé que le gouvernement Charest avait depuis «modifié discrètement les critères d'investissement des fonds FIER qui peuvent investir 50 pour cent à l'extérieur de leur région».

M. Pagé et le député de Matane, Pascal Bérubé, ont accusé la ministre Normandeau de ne pas avoir su défendre la cause des régions au conseil des ministres.

Toutefois, une vérification auprès d'Investissement Québec a permis d'établir que, dès le départ, les administrateurs des fonds FIER se sont vus accorder la possibilité d'effectuer 50 pour cent de leurs investissements à l'extérieur de leur région.

«Lorsque la première convention de fonds FIER a été signée en juin 2005, la règle était déjà de 50 pour cent», a indiqué la porte-parole Josée Béland à La Presse Canadienne.

Pour expliquer la déclaration contraire du ministre Séguin, un an plus tôt, elle soulève la possibilité qu'il ait formulé «un souhait ou une intention qui ne s'est pas matérialisé».

En Chambre, la vice-première ministre s'est livrée à une charge contre l'opposition péquiste, lui reprochant de compromettre les chances de succès des fonds FIER en menant une campagne de salissage.

«La croisade du PQ concernant les FIER nuit au développement régional, c'est une croisade anti-développement régional. Le PQ s'emploie à démobiliser les investisseurs», a-t-elle affirmé, en défendant cet instrument créé afin de favoriser l'injection de capital de risque dans les régions du Québec.

Depuis plus d'une semaine, tant le Parti québécois que l'Action démocratique du Québec ont multiplié les allégations de gestion douteuse et d'apparence de conflit d'intérêts liées aux fonds FIER, en ciblant notamment certains administrateurs proches du Parti libéral du Québec.

Plusieurs révélations de l'opposition ont ébranlé le ministre des Finances, Raymond Bachand, qui a demandé à Investissement Québec de mener une vérification et de lui formuler des recommandations quant au resserrement des règles encadrant les FIER.

Pour sa part, la ministre Normandeau a admis que six des 44 fonds FIER auraient effectué plus de 50 pour cent de leurs investissements à l'extérieur de leur région, affirmant que les fautifs, si c'est bien le cas, seraient ramenés à l'ordre.

«Le Parti québécois s'emploie à jeter le bébé avec l'eau du bain. Evitons de mettre tout le monde dans le même panier», a-t-elle martelé.

«Si elle avait fait son travail de ministre des régions dès le départ, si elle s'était assurée que la mission première des FIER soit vraiment d'investir dans la région où le fonds a été mis en place, on n'en serait pas là», a rétorqué le député Sylvain Pagé, au terme de l'interpellation.