Le ton a monté d'un cran hier entre Jean Charest et Pauline Marois, au moment où le gouvernement était à nouveau relancé sur les modifications récentes aux directives destinées aux ministres sur les conflits d'intérêts.

La chef péquiste «est très mal placée pour faire des leçons d'éthique ou de conflit d'intérêts avec qui que ce soit. Elle est probablement la dernière personne qui devrait donner des leçons de ce type», a soutenu hier M. Charest.

 

Il faisait ainsi très clairement allusion au fait que Claude Blanchet, le conjoint de Mme Marois, était président de la SGF, un des principaux bras économiques du gouvernement, quand elle-même était responsable des Finances.

Mme Marois avait aiguillonné le gouvernement sur son mutisme quant aux raisons justifiant la revue des règles touchant les conflits d'intérêts des ministres. La nouvelle mouture, rendue publique en début de semaine, prévoit qu'un ministre peut être propriétaire d'une entreprise qui fait affaire avec son propre ministère. «Nous sommes ici en dessous de tous les standards d'éthique normalement reconnus. Plutôt que de demander à un ministre de se conformer, on change les règles. C'est une position intenable», a lancé Mme Marois.

Selon Jean Charest, les règles appliquées au Québec «sont à peu près les mêmes qu'en Ontario et au fédéral». Elles ont déjà été modifiées dans le passé «parce qu'il y avait une situation qui n'avait pas été prévue».

Comme il l'avait fait mardi à l'Assemblée nationale, le leader parlementaire du gouvernement, Jacques Dupuis, a reconnu que les directives avaient été modifiées pour tenir compte de la situation d'un nouveau ministre assermenté en 2008.

M. Dupuis précise que la nouvelle directive reste étanche: le ministre devra mettre ses actifs dans une fiducie sans droit de regard. Il lui sera «formellement interdit» de discuter des affaires d'une de ses compagnie avec un collègue du Conseil des ministres ou un des administrateur de son ministère. Mais le gouvernement Charest refuse pour l'heure de l'identifier.

En point de presse, proposant un projet de loi qui protégerait les «dénonciateurs», employés du secteur public qui attacheraient le grelot à des problèmes éthique, le député péquiste Sylvain Simard a ironisé sur le «limbo éthique» du gouvernement qui déplace la barre, quand il en sent le besoin.