Le ministre responsable des mines, Serge Simard, n'a ni l'envergure intellectuelle ni les compétences nécessaires pour protéger les intérêts du Québec contre l'avidité des entreprises minières, a déclaré mercredi le député de Québec solidaire, Amir Khadir.

Citant le cas d'une entreprise qui a recommencé récemment à déménager des résidences se trouvant sur un gisement alors qu'elle n'a pas encore reçu les autorisations d'exploitation nécessaires, en Abitibi-Témiscamingue, M. Khadir a accusé le gouvernement de faire preuve de «complaisance» face à l'industrie.

Selon le co-porte-parole de Québec solidaire, la loi sur les mines est un «banquet ouvert» qui permet aux sociétés d'agir pratiquement sans contraintes, ce dont témoigne aussi la faiblesse des redevances versées à l'Etat en contrepartie des ressources extraites.

Lors d'un point de presse, M. Khadir a jugé que M. Simard, ministre délégué aux Ressources naturelles, n'est pas à la hauteur de la tâche.

«Je ne considère pas que ce ministre-là a l'envergure intellectuelle, ait de compétence (...), a-t-il dit. Parce que l'industrie minière est très forte.»

Dans un rapport déposé au début du mois, le vérificateur général Renaud Lachance a souligné qu'entre 2002 et 2008, les entreprises minières n'ont versé au total que 259 millions $ de droits miniers au lieu des 2 milliards $ dus.

M. Simard a eu bien du mal à expliquer pourquoi le gouvernement ne démontrait pas plus de vigueur dans ce dossier.

Jeudi, M. Khadir est revenu à la charge pour souligner le laxisme du gouvernement, en donnant l'exemple de la société Osisko, qui déménage actuellement un quartier de 200 résidences, à Malartic, afin d'entreprendre l'exploitation d'une mine à ciel ouvert, alors que le Bureau des audiences publiques en environnement (BAPE) n'a pas encore donné son avis sur le projet.

«On met la charrue devant les boeufs, c'est-à-dire que la compagnie vient déloger des gens avant même qu'il y ait des consultations publiques au bureau du BAPE», a-t-il dit.

Selon M. Khadir, les réponses que M. Simard a données jusqu'ici font en sorte que le premier ministre Jean Charest devrait être interpellé directement dans le dossier minier.

«Quand je lui mets sous le nez le rapport du vérificateur général, comme seule réponse, il me répond qu'il est content parce que l'Institut Fraser qualifie le Québec de paradis pour l'industrie minière, a-t-il dit. Je pense qu'il y a un problème. Il y a quelqu'un qui doit régler ce dossier-là et ce n'est sans doute pas le ministre en titre actuel.»

M. Khadir a d'autre part réclamé que le gouvernement produise sa stratégie de développement pour le secteur minier avant d'entreprendre le développement de son plan pour le nord du Québec, où se trouvent de nombreux gisements.

«J'espère en tout cas que ces stratégies minières ne consisteront pas à continuer l'état de complaisance envers l'industrie minière et de domination totale de l'industrie minière sur le destin de plusieurs de nos régions et sur notre avoir collectif», a-t-il dit.