La députée péquiste Louise Beaudoin ne s'intéresse pas seulement au sort de sa circonscription de Rosemont et à celui du Québec, mais aussi à l'avenir de la France: elle participe au comité de soutien d'une coalition politique rassemblant socialistes, communistes et écologistes qui se présente aux prochaines élections à l'Assemblée des Français de l'étranger.

Les 2 millions de Français de l'étranger participent à l'élection d'un collège électoral, qui élit à son tour 12 sénateurs établis hors de France. Cette année, les élections se tiennent en Amérique et en Afrique (elles se dérouleront dans le reste du monde en 2012). Le scrutin aura lieu le 7 juin, mais les votes par correspondance ont déjà commencé.

Mme Beaudoin est l'un des sept députés de l'Assemblée nationale du Québec qui ont la nationalité française. Elle participe à un comité de soutien d'un rassemblement de gauche, auquel collaborent des personnalités aussi diverses que le sénateur Robert Badinter, le maire de Paris Bertrand Delanoë et le député européen Daniel Cohn-Bendit. Ce dernier, un citoyen allemand qui a été le leader des événements de Mai 68 en France, se définit comme antinationaliste et partisan d'un fédéralisme européen. Des valeurs qui, à première vue, ne correspondent pas tout à fait au nationalisme québécois de Mme Beaudoin. Celle-ci n'y voit pas de contradiction.

«La coalition politique que je soutiens en France est plurielle et regroupe bien des tendances, a-t-elle indiqué, hier. C'est une gauche qui regroupe des écologistes, le Parti socialiste et le Parti communiste que l'on trouvait dans le gouvernement de Lionel Jospin (premier ministre français de 1997 à 2002). Des personnes peuvent être fédéralistes pour l'Europe sans l'être pour le Québec.»

Mme Beaudoin, qui avait publiquement soutenu la candidature de la socialiste Ségolène Royal aux dernières élections présidentielles, souligne qu'elle a acquis la nationalité française en 2004, grâce à son mari. «Pour moi, avoir cette nationalité, cela veut dire voter et m'impliquer, dit-elle. Sinon, ça ne veut rien dire. Cette implication n'engage en rien le Parti québécois.»

Au Québec, le comité de soutien du Rassemblement des Français de gauche du Québec, des Maritimes et du Nunavut réunit aussi Omar Aktouf, professeur à HEC Montréal, et Louise Vandelac, professeure au département de sociologie de l'UQAM.

À Montréal, 31 300 Français peuvent participer à ces élections. Ils sont 5800 à Québec et 750 à Moncton. Le taux de participation à l'élection présidentielle de 2007 était de 45%. La majorité des Français du Canada, soit 54%, avait voté pour Ségolène Royal.

Les Français du Canada ont commencé à recevoir le matériel nécessaire au vote par correspondance. Ils pourront aussi voter sur l'internet entre le 20 mai et le 4 juin, ce qui constitue une première. Le 7 juin, ils pourront aller voter en personne, au Collège Stanislas à Montréal, ou au consulat français à Québec.