Le ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, persiste et signe: il n'y aura pas de brigade spéciale consacrée à la recherche de personnes disparues. Les familles sont déçues de son manque d'ouverture, mais refusent de baisser les bras.

Sans nouvelles de leur fille depuis 14 mois, les parents de Marilyn Bergeron ont remis jeudi à l'Assemblée nationale une pétition de 4600 noms intitulée «Le droit de retrouver une personne disparue», exhortant le ministre de former une escouade qui pourrait se consacrer à plein temps aux cas de disparition afin d'assurer la coordination obligatoire et efficace entre tous les corps policiers de la province. Le ministre Dupuis a répliqué qu'il favorise plutôt la formation. Deux agents - l'un de la Sûreté du Québec, l'autre de la GRC - s'envoleront bientôt pour Washington, aux États-Unis, où ils étudieront dans un centre spécialisé en recherche de personnes disparues.

 

« Deux personnes? Le ministre rêve en couleurs s'il pense que cela va changer quelque chose et améliorer le fonctionnement de tout un système», a réagi hier le président de l'Association des personnes disparues, Pierre-Hugues Boisvenu, en entrevue à La Presse.

Le ministre de la Justice a expliqué, jeudi, que les deux premiers agents formés aux États-Unis pourront à leur retour transmettre les techniques apprises à leurs collègues. «Si le ministre voulait s'attaquer sérieusement au problème, il créerait une escouade mixte. C'est ça qui a donné des résultats dans la lutte contre les gangs de rue ou le trafic de drogue», a noté M. Boisvenu.

Or, le taux de résolution des cas de disparition au Québec serait en baisse depuis cinq ans et ne dépasserait plus les 15%, a dit M. Boisvenu. «Les statistiques sont inacceptables et inquiétantes: il y a de moins en moins de criminels qui sont traduits en justice parce qu'on ne trouve pas le corps des victimes.»

Lueur d'espoir

La famille de Marilyn Bergeron a aussi demandé au ministre d'apporter des modifications législatives pour que les parents soient mieux informés du déroulement de l'enquête, même lorsqu'il s'agit de personnes majeures. «Parce que ma fille a plus de 18 ans, c'est comme si elle n'avait pas de parents», a déploré Mme Béchard. Elle a dû attendre huit mois pour enfin avoir accès aux dernières images de sa fille captées par la caméra de surveillance d'un guichet automatique, le jour où elle s'est éclipsée. Jacques Dupuis n'a pas ouvert la porte à une révision de la législation. «Mais je suis encouragée. Le ministre s'est montré compréhensif: il a reconnu l'importance que les policiers communiquent davantage avec les familles, ce qu'ils ne font pas toujours, par pudeur semble-t-il», a-t-elle dit hier.

Le ministre a aussi révélé qu'il avait donné la directive de déployer les recherches plus rapidement lorsque des cas sont signalés. Selon Pierre-Hugues Boisvenu, toute disparition d'adulte devrait être considérée comme un «meurtre appréhendé» et les statistiques démontrent que les 24 à 48 premières heures sont déterminantes.

Marilyn Bergeron a quitté le domicile de ses parents le 17 février 2008, près de Québec, pour «aller faire une promenade». Elle s'est acheté un café en fin de journée. Depuis, sa famille n'a pas eu le moindre signe qu'elle est en vie.