Le Québec se comporte comme une république de bananes, en offrant son sous-sol aux compagnies minières sans percevoir de redevances en retour, a dénoncé le député Amir Khadir, jeudi.

La générosité envers les minières manifestée par le gouvernement Charest lui fait penser à l'époque de Maurice Duplessis, alors que «c'était une cenne la tonne» du minerai extrait.

«On fait actuellement pire qu'une république de bananes», a-t-il conclu.

En Chambre, il s'en est pris au ministre délégué aux Ressources naturelles, Serge Simard, qui a eu bien du mal à expliquer pourquoi le gouvernement ne se montrait pas plus prompt à exiger des compagnies minières qu'elles versent leur dû au trésor public pour pouvoir extraire nos minerais.

La veille, dans son rapport annuel, le vérificateur général du Québec, Renaud Lachance, avait noté le laxisme du gouvernement, qui n'applique pas sa loi et ne s'assure pas de percevoir les sommes dues en termes de droits miniers.

Entre 2002 et 2008, 14 compagnies minières n'ont pas versé un seul sou de redevances à Québec, malgré une production d'une valeur totale de 4,2 milliards $.

Quant aux autres, elles n'ont versé au total que 259 millions $ de droits miniers, durant la même période, au lieu des 2 milliards $ dus.

Ces compagnies n'auront donc versé à Québec que 1,5 pour cent de leurs profits, plutôt que 12 pour cent, comme l'exige la loi, a calculé le vérificateur général.

«Il faut respecter une juste proportion entre les charges à appliquer et les emplois à créer, et c'est comme ça que le Québec va gagner», a répliqué le ministre Simard, en lisant ses notes.

Le plus important, à ses yeux, consiste pour le gouvernement à faire en sorte que «les gens viennent investir au Québec pour développer le secteur minier».

Le député de Mercier a jugé ces propos «évasifs» et s'est demandé quel intérêt le Québec avait à s'ouvrir ainsi aux minières, s'il n'en retirait aucun bénéfice.

«A quoi bon épuiser nos ressources? A quoi bon dévaster notre territoire? A quoi bon ouvrir d'autres routes, si c'est pour toucher des miettes?», s'est interrogé le député, en point de presse.