Même si elle n'a reçu aucune garantie en ce sens, la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, a dit vendredi avoir «l'intuition» que les agences de notation n'abaisseront pas la cote de crédit du Québec, malgré les importants déficits prévus au cours des quatre prochaines années.

«Je n'ai pas l'assurance (d'un maintien de la cote), mais j'en ai l'intuition parce que nous leur avons parlé (aux agences)», a affirmé la ministre en conférence de presse à l'issue d'un discours prononcé devant quelque 550 personnes réunies par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Selon Mme Jérôme-Forget, Québec pourrait être épargné par une décote grâce au maintien du Fonds des générations, destiné à la réduction de la dette, au resserrement des dépenses gouvernementales et aux mesures d'accroissement des revenus qui doivent entrer en vigueur en 2011: relèvement du taux de la TVQ à 8,5 pour cent et hausse des tarifs.

«Voilà des signes du sérieux du gouvernement de revenir au déficit zéro», a-t-elle soutenu.

Selon Québec, les déficits totaliseront plus de 11 milliards $ au cours des quatre prochaines années.

Les agences de notation ne se sont pas encore prononcées sur le budget 2009-10, déposé jeudi à l'Assemblée nationale. Elles devraient le faire au cours des prochaines semaines.

Monique Jérôme-Forget a assuré vendredi que l'idée de présenter un budget déficitaire ne «collait pas à (sa) peau» et allait «à l'encontre» de ses valeurs.

La ministre a par ailleurs tenu à répliquer à ses détracteurs, plus particulièrement ceux qui auraient souhaité un plan de relance plus musclé.

Dans son analyse du budget, le Mouvement Desjardins a qualifié l'exercice de «décevant», n'y voyant aucune mesure susceptible de «donner un électrochoc à l'économie». «L'inaction actuelle du gouvernement risque d'être très coûteuse à moyen terme pour le Québec», ont écrit les économistes de l'institution.

A cela, Mme Jérôme-Forget a rétorqué que les investissements massifs du gouvernement et d'Hydro-Québec dans les infrastructures allaient «créer 100 000 emplois» en cinq ans, reprenant une promesse électorale de la dernière campagne. L'entente fédérale-provinciale sur les infrastructures sera signée «incessamment», a noté la ministre.

«C'est la même chose à chaque budget: nous devrions dépenser plus tout en coupant les dépenses», a-t-elle ironisé.

Le programme Renfort, annoncé en décembre, a déjà approuvé 53 projets d'investissement privés, s'est par ailleurs félicitée la politicienne.

Caisse de dépôt

La participation de la Caisse de dépôt et placement du Québec dans un nouveau fonds de capital-risque de 825 millions $, annoncée dans le budget de jeudi, constitue-t-elle une réponse à ceux qui estiment que le «bas de laine» n'en fait pas suffisamment pour le développement économique?

«Je pense que la Caisse de dépôt a senti le besoin, probablement, de jouer un rôle à l'intérieur du Québec actuellement», a avancé prudemment Monique Jérôme-Forget, en rappelant que l'institution avait déjà révélé l'existence d'un fonds de 1,5 milliard $ destiné aux entreprises québécoises.

La ministre a néanmoins admis que l'offre de financement de la Caisse ne convenait pas à tous. Une entreprise lui a récemment confié qu'une proposition faite par l'institution était «trop laborieuse, trop coûteuse», tandis qu'une autre compagnie a jugé «très utiles» les services de la société d'Etat.

Au sujet de la nomination de membres au conseil d'administration de la Caisse, Mme Jérôme-Forget n'a pas voulu s'avancer sur la candidature du président de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), Michel Arsenault, récemment placé dans l'embarras à la suite de reportages dans les médias. Or, les présidents de la FTQ siègent au conseil de la Caisse depuis les années 1970.

Quant à la nomination éventuelle de la présidente de Desjardins, Monique Leroux, la ministre a reconnu la possibilité de conflits d'intérêts, puisque les deux institutions oeuvrent dans le secteur financier, souvent avec les même partenaires d'affaires. Le numéro un de Desjardins siège à la Caisse depuis 1978.

Il faudra «poser un jugement peut-être mieux articulé et revoir nos façons de faire», a indiqué la ministre, sans donner plus de détails.

Quelques postes doivent encore être pourvus au conseil de la Caisse.