Les contribuables devront puiser dans leurs poches pour renflouer les coffres de l'État après la crise économique. En plus d'augmenter de 1% la TVQ, le gouvernement Charest haussera les tarifs des services publics à compter de 2011.

Seule exception, les parents continueront de payer 7$ par jour pour envoyer leur enfant dans une garderie subventionnée, comme l'avaient promis les libéraux en campagne électorale.

 

Dans la préparation du budget, « il y a eu des décisions plus difficiles, comme celle de toucher à la tarification, a reconnu la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, en conférence de presse, hier. Je ne pense pas gagner un concours de popularité avec ça. « Elle a toutefois plaidé que bien des tarifs sont demeurés les mêmes depuis 1996. « Il est temps de bouger «, a-t-elle dit.

Québec indexera les tarifs d'une trentaine de services qui n'ont pas changé depuis des années, comme les permis de conduire et le transport ambulancier d'Urgences-santé. Cela équivaut à une hausse tarifaire de plus de 2% chaque année. Cette opération lui rapportera 60 millions de dollars par an.

Et en vertu de la politique de financement des services publics déposé hier avec le budget, la tarification augmentera encore davantage. Le gouvernement ouvre toute grande la porte à un « rattrapage important et progressif «.

« Les tarifs de plusieurs services sont demeurés inchangés depuis plusieurs années alors que les coûts de prestation de ces services ont augmenté. Cette situation peut souvent impliquer un rattrapage important qui permettra de rétablir le niveau d'autofinancement du service public «, peut-on lire dans la nouvelle politique.

Des tarifs devront couvrir la totalité des coûts du service rendu. Dans d'autres cas, ils devront correspondre mieux à la valeur marchande. Le « rattrapage « se ferait sur une période de deux à cinq ans. De nouveaux tarifs pourraient même apparaître.

Les droits de scolarité continueront d'augmenter de 50$ par semestre, comme prévu. Les tarifs d'hydroélectricité seront toujours fixés par la Régie de l'énergie.

Le gouvernement puisera en bonne partie dans les poches des contribuables afin de trouver l'argent nécessaire pour retrouver l'équilibre budgétaire. Québec demeure bien imprécis sur les revenus qu'il entend tirer des hausses tarifaires, si l'on exclut l'indexation de 60 millions de dollars par année. Les hausses tarifaires font partie des « autres mesures à identifier aux revenus et aux dépenses « et qui, selon le plan de retour à l'équilibre budgétaire, rapporteront 450 millions en 2010-2011, 1,3 milliard en 2011-2012, 2,8 milliards en 2012-2013 et 3,8 milliards en 2013-2014.

Avec son budget, Monique Jérôme-Forget déterre le rapport de Claude Montmarquette sur la tarification qu'elle s'était empressée de mettre sur une tablette lors de la sortie il y a un an. Elle adopte maintenant la philosophie de l'économiste.

« La tarification doit reposer sur l'idée selon laquelle celui qui utilise un service doit également être celui qui le paye. C'est le concept de l'utilisateur-payeur «, a-t-elle affirmé dans son discours à l'Assemblée nationale.

« Beaucoup de services gouvernementaux sont considérés comme gratuits. C'est une illusion qui conduit à des comportements individuels qui mènent au gaspillage de nos ressources. Ce sont nos taxes et nos impôts, et donc l'ensemble de la collectivité qui paie la note pour ces services. Cela conduit à terme à un fardeau fiscal plus lourd qu'ailleurs qui freine la croissance économique «, a-t-elle ajouté, citant par la suite Claude Montmarquette lui-même.

Son rapport préconise la fin de la « culture de la gratuité « et de la « sous-tarification « des services publics. Il recommande une hausse importante des tarifs d'électricité et des droits de scolarité, l'installation de compteurs d'eau et l'introduction de péages aux entrées de l'île de Montréal.

Le gouvernement ne précise pas les hausses tarifaires qu'il envisage au-delà de l'indexation. Il faut toutefois s'attendre à une augmentation des primes de l'assurance médicaments, par exemple. La contribution des assurés correspond cette année à 38,5% du coût total du régime qui augmente sans cesse. Le gouvernement assume des coûts de plus en plus importants depuis des années.

Le tarif pour le traitement des certificats de naissance, de mariage et de décès - fixé à 15$ depuis 1996 - sera indexé. Le coût du permis de conduire sera bientôt plus élevé que 16$ par an. Les tarifs d'accès aux parcs de la SEPAQ - 3,50$ pour un adulte - et le transport par ambulance d'Urgences-santé - 125$ - augmenteront.

Au cours des prochains mois, les ministères et les organismes devront présenter un plan afin d'ajuster la tarification de leurs services. Des mesures seraient prévues pour atténuer les impacts sur les ménages à faible revenu.

Les hausses tarifaires ne seront pas compensées par une réduction des impôts. « Je n'annonce pas de bonnes nouvelles, là «, a lancé Monique Jérôme-Forget. Les contribuables verseront donc davantage d'argent à l'État dans les prochaines années. Le gouvernement a engrangé 22 milliards de dollars en revenu de tarification l'an dernier.