Le gouvernement Charest enterre l'idée de tenir une commission parlementaire spéciale sur le dérapage financier de la Caisse de dépôt et placement.

L'opposition officielle n'a pas mis assez d'eau dans son vin au goût des libéraux. Le PQ a renoncé à exiger la comparution du premier ministre Jean Charest, mais tient à celle de la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget. À l'entrée de la réunion hebdomadaire du conseil des ministres ce matin, Mme Jérôme-Forget a réitéré son refus de témoigner. Elle en a profité pour abandonner la tenue d'une commission parlementaire spéciale.

«Je suis dans un mode solution maintenant. J'ai traversé cette étape. Mon gouvernement doit identifier un président du conseil d'administration, renouveler et nommer des membres du conseil d'administration, identifier et nommer un PDG dans les plus brefs délais. C'est ce à quoi je m'attarde désormais», a expliqué la ministre.

L'opposition devra donc se rabattre sur l'étude des crédits budgétaires à l'Assemblée nationale, qui aura lieu dans les semaines suivant le dépôt du budget. «Les crédits auraient lieu quand même prochainement. Ça va me faire plaisir de répondre à toutes les questions», a-t-elle dit. Les dirigeants actuels de la Caisse témoigneront aussi lors de l'étude des crédits budgétaires.

Questionnée sur l'idée d'enterrer la commission, elle a confirmé la chose en lançant : «Il va y avoir les crédits. Je suis dans le mode solution.»

La ministre avait pourtant jugé nécessaire de tenir une commission parlementaire spéciale afin de faire la lumière sur les pertes de 40 milliards de dollars du bas de laine des Québécois pour l'année 2008. «J'avais prévu le 2 et le 3 mars d'avoir une commission. J'estimais que d'entendre les gestionnaires de la Caisse venir expliquer ce qui s'est passé au niveau des pertes de 40 milliards, c'était une bonne approche», a-t-elle expliqué. Le PQ rejetait cette «approche». Il exigeait la comparution d'experts et de déposants de la Caisse - en plus de celle de Mme Jérôme-Forget - et le dépôt de quelques documents, dont le rapport annuel. Mais les libéraux rejetaient ces demandes.

Le nouveau président du conseil d'administration de la Caisse sera nommé «prochainement», a dit la ministre Jérôme-Forget. Selon les informations obtenues par La Presse, Robert Tessier, l'ancien mandarin du Conseil du Trésor, passé par la suite chez Marine Industrie puis chez Gaz Métropolitain, devrait être nommé aujourd'hui à cette fonction.

La ministre juge qu'une révision en profondeur de la gouvernance de la Caisse n'est pas nécessaire malgré le dérapage financier. «Je pense que la gouvernance de la Caisse de dépôt est bonne. Est-ce qu'il ya des choses à corriger? Nous allons voir. Je pense sincèrement que la façon dont les choses ont fonctionné, cela a bien fonctionné. Vous savez, ce qui s'est passé dans le monde financier est sans précédent, il ne faut pas l'oublier ça», a-t-elle affirmé.