C'est Robert Tessier, longtemps mandarin à Québec, qui serait choisi en remplacement de Pierre Brunet comme président du conseil de la Caisse de dépôt la semaine prochaine, a appris La Presse.

Ancien sous-ministre au Trésor, M. Tessier a été PDG de Gaz Métro pendant plusieurs années. Il a quitté ce poste il y a quelques mois pour devenir président du conseil d'administration de la même entreprise. Sa nomination à la Caisse doit être rendue officielle mercredi prochain. En même temps, le gouvernement renouvellera les mandats des membres du conseil d'administration de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ). Dans 9 cas sur 14, les mandats sont échus. À regret, Pierre Brunet, président du conseil de la CDPQ depuis cinq ans, a confirmé mercredi qu'il tirait sa révérence.

Charest refuse de comparaître

Hier, le premier ministre Charest a catégoriquement refusé de venir témoigner devant une éventuelle commission parlementaire qui serait chargée de lever le voile sur les causes du dérapage financier de la Caisse de dépôt, qui aura coûté en 2008, 39,8 milliards de l'épargne collective des Québécois. Les négociations entre le gouvernement et l'opposition péquiste étaient au point mort, hier, ce qui élimine toute possibilité que la commission commence à siéger la semaine prochaine.

Pour Jean Charest, le PQ, dans ce dossier délicat, «joue les bonshommes Sept-heures et se fait prophète de malheur». Selon lui, la responsabilité du gouvernement se limite à la nomination des dirigeants, des membres du conseil d'administration et du PDG.

Même si Standard & Poor's, qui a mis la Caisse en observation jeudi, déplore le manque de «stabilité» de sa gestion, qui a changé trois fois en moins de 12 mois, M. Charest n'a pas l'intention de venir expliquer les raisons qui l'ont poussé à choisir Richard Guay en remplacement de Henri-Paul Rousseau, en septembre 2008. La firme de crédit a placé «sous surveillance» avec «perspectives négatives» la cote de crédit de la CDPQ à cause de rendements «nettement inférieurs» à ceux des autres caisses de retraite au pays.

À Québec, au sortir d'une réunion de son caucus, Pauline Marois a accusé M. Charest «de se cacher derrière les dirigeants de la Caisse». «Il veut mettre le couvercle sur la marmite et ne veut pas assumer ses responsabilités», en expédiant en deux jours une commission parlementaire où il ne viendra pas témoigner. Entendre uniquement les dirigeants de la Caisse ne serait guère utile. Une semaine après leur conférence de presse, «ce sera les mêmes papiers», observe-t-elle. Le PQ souhaite une commission plus longue, lorsque la Caisse aura publié son rapport annuel.

Hier, M. Charest, de guerre lasse, est revenu avec le scénario initial: les dirigeants de la Caisse et même Henri-Paul Rousseau pourraient être entendus aux séances régulières de l'étude des crédits - probablement en avril.

Pour M. Charest, le dur verdict de Standard & Poor's quant aux perspectives de la CDPQ est un «message percutant» à l'endroit de l'opposition péquiste, surtout désireuse de «politiser» ce débat délicat. Il est suffisant qu'il ait à répondre aux questions des journalistes et à celles de l'opposition à l'Assemblée nationale.

La loi antidéficit amendée

Par ailleurs, afin de pouvoir déposer son budget lourdement déficitaire en 2009-2010, le gouvernement Charest sera forcé d'amender la loi antidéficit adoptée il y a 12 ans par Lucien Bouchard pour discipliner les gouvernements trop dépensiers.

En décembre 1996, pour donner de la crédibilité à son opération qui devait mener au déficit zéro, le gouvernement Bouchard avait adopté cette loi très contraignante et un peu improvisée dans le but d'éviter le retour de l'encre rouge. Les gouvernements peuvent faire des déficits quand ils sont forcés par la conjoncture, mais ils doivent alors présenter un cadre financier garantissant le retour à l'équilibre dans les cinq ans.

Selon l'information qui circule à Québec, le ministère des Finances devait terminer le budget pour le 12 mars, mais il faudra repousser l'échéance d'au moins une semaine. Hier, à la sortie du caucus de ses députés, Jean Charest a reconnu que la tâche de boucler l'année prochaine est d'une difficulté sans précédent: «Rien ne se compare à ce à quoi on fait face maintenant en matière de situation économique. On n'a jamais rien vu de semblable.» Il a souligné avoir déjà eu quelques rencontres à ce sujet avec la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget.

La prochaine année financière sera particulièrement éprouvante. «Les prévisions économiques sont difficiles pour tout le monde.» À l'ouverture de l'Assemblée nationale, le 10 mars, le gouvernement profitera de son message inaugural pour lancer les orientations qui permettront au Québec de «rebondi», a dit M. Charest.

Il a aussi confirmé que l'État ne donnera pas de bonus aux sous-ministres, aux sous-ministres adjoints et aux cadres l'an prochain. «Ce n'est pas pour punir les gens» mais parce que «tout le monde doit faire sa part», a-t-il expliqué hier. Les sous-ministres ont droit à des primes pouvant atteindre 15 % de leur salaire.