Le Québec pourrait bien devenir la prochaine Alberta si les projets énergétiques discutés par Stephen Harper et Barack Obama se concrétisent, estime le ministre des Ressources naturelles, Claude Béchard. Mais la province doit se donner les moyens de ses ambitions en poursuivant le développement de son potentiel électrique, a-t-il soutenu en entrevue à La Presse.

«Le virage d'Obama sur le plan de l'énergie verte veut dire presque autant pour nous que la volonté de l'administration précédente sur le plan du pétrole pour l'Alberta», a indiqué M. Béchard au cours d'un entretien téléphonique.

À l'occasion de la première visite à l'étranger du nouveau président, le Canada et les États-Unis se sont engagés jeudi à coopérer pour développer l'énergie propre. Et en conférence de presse, le nouveau président a parlé de moderniser le réseau de distribution électrique nord-américain.

Le gouvernement Harper tente aussi de faire reconnaître l'hydroélectricité comme une énergie propre et renouvelable. Un tel statut pourrait rendre l'électricité québécoise beaucoup plus attrayante pour les entreprises américaines.

«Chaque fois que M. Obama ouvre la bouche et parle d'énergie, c'est presque un réajustement automatique pour nos plans stratégiques», a affirmé Claude Béchard.

En 2007, l'exportation d'électricité et les activités financières à l'étranger ont rapporté 1,1 milliard à Hydro-Québec. La société d'État a récolté un bénéfice de 730 millions de ces opérations. Même s'il refuse de prédire combien les nouvelles politiques américaines rapporteront, le ministre estime que ce n'est qu'un début.

En améliorant leur réseau électrique, a-t-il dit, les États-Unis offrent une double occasion à Hydro. Elle pourra bien sûr exporter davantage, mais aussi vendre son expertise aux compagnies qui amélioreront leurs lignes de transport.

«Ça veut dire autant de possibilités sur le plan de la vente comme telle que des occasions sur le plan de la connaissance des technologies et des façons de faire», a dit M. Béchard.

Le ministre a renvoyé Hydro-Québec à la planche à dessin, il y a trois semaines, exigeant qu'elle révise sa planification stratégique. Il estimait que la société d'État n'avait pas tenu compte des occasions d'affaires liées à l'élection du candidat démocrate. Pour la première fois de son histoire, a-t-il fait valoir, le Québec aura donc une stratégie énergétique axée sur l'exportation.

Le gouvernement souhaite poursuivre le développement électrique de plus belle. Le controversé projet de Eastmain-1A-Rupert est déjà en construction et des audiences sont en cours dans le projet hydroélectrique de La Romaine. Hydro-Québec lorgne aussi le Grand Nord, des projets hydroélectriques et éoliens que Claude Béchard souhaite mettre en branle d'ici six ans.

«On a la chance, au tournant énergétique vert des Américains, d'être une des seules sources d'énergie verte en Amérique du Nord qui offre un aussi gros potentiel de développement, a-t-il affirmé. Alors soit on enrichit le Québec avec ça, soit on met une cloche sur le Québec et on dit qu'on garde ça juste pour nous.»