«Il y a des gens qui entrent en politique pour le service public et non pour le pouvoir que ça procure. Thérèse Lavoie-Roux était de ceux-là.»

Le sénateur Jean-Claude Rivest se souvient avec émotion de «la grande dame» de la politique québécoise et canadienne, décédée samedi à 80 ans.

«À Québec, on l'appelait mère Teresa», se rappelle le sénateur, qui a non seulement côtoyé Mme Lavoie-Roux au Sénat, mais aussi dans le cabinet de Robert Bourassa, dans les années 80. «Elle avait une sensibilité sociale très développée.»

Le premier ministre Jean Charest a aussi salué hier «cette femme d'action qui toute sa vie s'est portée à l'écoute de ses concitoyens et s'est engagée à faire avancer les causes qu'elle portait. Thérèse Lavoie-Roux était une femme remarquable qui aura contribué à rendre notre société plus juste et plus humaine».

Originaire de Rivière-du-Loup, Thérèse Lavoie-Roux a commencé sa carrière en tant que travailleuse sociale au Montreal Children's Hospital. Dans les années 60, elle a été professeure à l'Université de Montréal. Mais c'est à la tête de la Commission des écoles catholiques de Montréal (CECM), de 1970 à 1976, qu'elle s'est fait les dents en politique.

Sous sa conduite, la CECM (aujourd'hui la CSDM) a commencé à soutenir les écoles des milieux défavorisés.

«Elle avait une grande ri- gueur intellectuelle», se souvient la sénatrice Céline Hervieux-Payette, qui a elle aussi fait ses classes en tant que présidente d'une commission scolaire. «Toutes deux, nous avions de l'ambition pour nos élèves. On se méfiait des réformes qui provenaient de soi-disant grands pédagogues à Québec. Pour nous, l'école ne devait pas être un laboratoire.»

Carte blanche

Thérèse Lavoie-Roux a été élue députée libérale à trois reprises dans la circonscription montréalaise de L'Acadie: en 1976, en 1981 et en 1985, année où Robert Bourassa a repris le pouvoir. Mme Lavoie-Roux est alors devenue ministre de la Santé et des Services sociaux. «C'est elle qui a donné aux infirmières un statut professionnel, une reconnaissance. Elles l'adoraient», raconte le sénateur Rivest.

C'était l'époque où s'amorçaient de grandes mutations dans le système de santé. Mme Lavoie-Roux a piloté des réformes - pour une plus grande polyvalence des employés, la décentralisation du système et la régionalisation des ressources - non sans frapper un mur de résistance. Malgré tout, elle avait l'entière confiance du premier ministre. «Bourassa lui donnait carte blanche», dit M. Rivest.

En 1990, Mme Lavoie-Roux a été nommée sénatrice par Brian Mulroney. Travailleuse acharnée, elle y a mené plusieurs dossiers, dont la rédaction d'un rapport important sur l'euthanasie et le suicide assisté.

«Comme parlementaire, elle a consacré plus de 25 ans à servir la population et à améliorer notre société, dit la sénatrice Lise Bacon. Il est important de saluer le travail de cette femme, qui était une travailleuse sociale dans l'âme.»

Thérèse Lavoie-Roux était atteinte d'une maladie dégénérative depuis plusieurs années. Elle avait quatre enfants. Ses funérailles auront lieu demain à l'église Saint-Léon de Westmount.