Le gouvernement remet en question l'entente qu'il a négociée au cours des deux derniers mois avec le contrôleur et les représentants du sénateur libéral Paul Massicotte pour sauver sa firme, Attractions hippiques, gestionnaire des courses de chevaux, ont affirmé hier des sources proches du ministère des Finances.

Lundi, la sous-ministre adjointe aux sociétés d'État, Suzanne Lévesque, avait confirmé que l'entente prévoyait la fermeture de l'hippodrome de Montréal et son remplacement par une salle de paris dotée de 300 appareils de loterie vidéo. Le projet d'un hippodrome et d'une salle de paris sur la couronne nord de Montréal est abandonné.

Le nombre d'ALV passerait de 800 à 935. Les bourses distribuées aux hommes de chevaux tomberaient à 12 millions de dollars par année; Attractions hippiques en fournirait trois, et Loto-Québec financerait le reste. Au total, l'aide consentie à Attractions hippiques et à l'industrie des courses s'élèverait à 28 millions par année.

Mme Lévesque a donné ces détails à la juge Chantal Corriveau, de la Cour supérieure, en appui à la requête d'Attractions hippiques, qui souhaite continuer à être protégée par la Loi sur les arrangements avec les créanciers jusqu'au 6 avril. Mme Corriveau a annoncé qu'elle prolongeait cette protection de quelques jours, avant de prendre une décision finale.

Or, les hommes de chevaux sont en colère et rejettent catégoriquement l'entente. Ils ont fait valoir auprès des députés qu'elle avantage indûment Attractions hippiques à leur détriment. Ils estiment que leur industrie va rapidement décliner s'il n'y a pas de courses à Montréal et si les bourses sont réduites.

À leur tour, les députés ont fait savoir au gouvernement que la solution envisagée passait mal dans la population, tant elle semblait avantageuse pour le sénateur Paul Massicotte. «C'est bien mal parti», a confié une source au ministère des Finances, sous le sceau de la confidentialité. «Il reste énormément de travail à faire pour que l'ensemble des partenaires, les créanciers, M. Massicotte et les représentants de l'industrie soient d'accord avec cette proposition», a dit une deuxième source.

Le Conseil des ministres aura à juger de la situation à sa prochaine rencontre hebdomadaire. Exceptionnellement, il n'y aura pas de réunion aujourd'hui. Entre-temps, les responsables du dossier au ministère des Finances espèrent que la juge Chantal Corriveau va accepter la requête en prolongation, ce qui leur donnerait le temps de trouver une autre solution.

Hier, M. Massicotte a témoigné à son tour. Il a dit à la juge qu'il avait investi presque 30 millions dans les hippodromes depuis leur acquisition auprès du gouvernement, en 2006. Mais les revenus escomptés n'étaient pas au rendez-vous, a-t-il ajouté. Il n'a pas réussi à trouver d'emplacement dans la couronne nord pour déménager l'hippodrome de Montréal, ce qui lui aurait permis d'avoir 1100 ALV de plus. Par ailleurs, les revenus de ses 800 ALV sont beaucoup moins importants que prévu.

«Mon désir, maintenant, c'est de sauver l'industrie des courses de chevaux, a-t-il dit. Je veux faire tout mon possible pour que les courses continuent.» Selon lui, il est faux de prétendre que l'aide gouvernementale va dans les coffres de sa firme ou dans ses propres poches. «Je suis un intermédiaire, a-t-il expliqué. L'aide gouvernementale va à Attractions hippiques, mais elle ne me revient pas personnellement: elle va à l'industrie.»