Le gouvernement Charest ne déclinera pas systématiquement toute demande d'entrevue du Journal de Montréal, en lock-out depuis un peu plus d'une semaine. Selon le premier ministre, chaque demande sera évaluée «au cas par cas».

«On n'encourage les ministres ni à accepter ni à solliciter des entrevues. On ne courra pas après les entrevues», a affirmé Jean Charest samedi, avant son départ pour Paris.

Mais lui-même ou un ministre refusera-t-il d'accorder une entrevue au Journal de Montréal chaque fois que le média en lock-out le sollicitera? «Je ne veux pas donner de réponse. Il va falloir juger au cas par cas», a répondu M. Charest. La même règle s'appliquera au site web lancé par les syndiqués.

Le premier ministre a souligné que son gouvernement sera «très prudent». «On ne veut pas s'immiscer dans le conflit», a-t-il dit.

Le gouvernement n'a pas l'intention d'exclure les représentants du Journal de Montréal des conférences de presse. Jean Charest dit vouloir respecter la liberté de la presse. «On va respecter les lois, et ça inclut l'accès qu'ils ont à l'espace public. On doit reconnaître qu'ils ont droit à l'espace public. C'est comme ça qu'on va aborder la situation, comme on l'a fait avec le Journal de Québec. Dans ce cas, on a été prudent et responsable.»

Au cours du lock-out du Journal de Québec, qui a duré un an et demi, le ministre du Travail, David Whissel, avait soulevé la controverse en accordant une entrevue à l'un de ses représentants. Cette fois, il ne veut pas faire de vague. Il a dit la semaine dernière qu'il n'avait pas l'intention de rappeler les représentants du Journal de Montréal.

Les députés du Parti québécois, quant à eux, ont décidé de refuser d'accorder des entrevues à des représentants du quotidien de la rue Frontenac parce que ce serait l'équivalent de traverser des piquets de grève, a indiqué le critique en matière de Travail, François Rebello. Mais il n'est pas question de les exclure des conférences de presse.

Légion d'honneur

Après Davos, Jean Charest entreprend aujourd'hui, à Paris, la deuxième étape de sa mission européenne. Le président Nicolas Sarkozy le recevra à l'Élysée et lui remettra les insignes de commandeur de la Légion d'honneur.

La dernière rencontre entre les deux hommes avait eu lieu l'automne dernier à Québec, à l'occasion du Sommet Canada-Union européenne et du Sommet de la francophonie. M. Sarkozy avait alors donné au fédéralisme canadien un appui sans précédent de la part d'un président français.

En 1977, René Lévesque avait été fait grand officier de la Légion d'honneur -un cran au-dessus de commandeur- par le président français Valéry Giscard d'Estaing. Robert Bourassa a reçu le même honneur 20 ans plus tard à titre posthume. Il l'avait refusé de son vivant, au moment où il était plongé dans la crise constitutionnelle du lac Meech. En 2002, après avoir quitté la vie politique, Lucien Bouchard avait reçu les insignes de commandeur.

Nicolas Sarkozy a fait entrer en février 2008 l'homme d'affaires Paul Desmarais, de Power Corporation, dans le club très restreint des grands-croix. Trois mois plus tard, il a remis les insignes de chevalier -titre au-dessous de commandeur- à la chanteuse Céline Dion.

La Légion d'honneur est composée de trois grades: chevalier, officier et commandeur. Deux titres sont supérieurs aux grades: grand officier et grand-croix.

Jean Charest rencontrera aujourd'hui le maire de Paris, Bertrand Delanoë. De son côté, la ministre de la Culture et des Communications, Christine St-Pierre, annoncera une hausse du soutien financier à TV5 Monde.

Mardi, M. Charest s'entretiendra avec le premier ministre français, François Fillon, et prononcera une allocation devant la chambre de commerce et d'industrie de Paris. Il se rendra le lendemain à Bruxelles pour faire la promotion du projet de partenariat économique entre le Canada et l'Union européenne. Sa mission outre-Atlantique prendra fin jeudi.