Le Parti québécois a raté son exercice de modernisation de l'argumentaire souverainiste l'automne dernier, constate le candidat à la présidence du parti Jonathan Valois.

En entrevue à La Presse Canadienne lundi, l'ex-député péquiste de Joliette a prévenu que le parti devra complètement reprendre le travail s'il veut convaincre les Québécois qu'il a effectué une mise à jour sérieuse de son option.

Après que la chef Pauline Marois ait promis de revoir l'argumentaire souverainiste l'automne dernier, le parti a présenté un «manifeste pour la souveraineté» sans grande nouveauté puis a discrètement mis en ligne un document à cet effet, en pleine campagne électorale.

«Il y a eu un travail honnête qui a été fait, mais c'est loin d'être suffisant par rapport à toute la réflexion que nous avons à mener pour faire les liens entre les actuels enjeux sociaux-économiques et la souveraineté», a commenté M. Valois.

Il estime que le parti s'est retrouvé en mauvaise position au mois de novembre, se sentant obligé de livrer quelque chose alors qu'il était pris de court par le déclenchement de l'élection générale et qu'il connaissait le peu d'intérêt du public pour la question nationale en cette période de crise économique.

«Il y a eu un «timing» qui a été atroce pour sortir ce document-là. Le contexte ne jouait pas pour les gens qui manoeuvraient là-dedans», a ajouté l'ex-député, soucieux de ne pas lancer la pierre à ceux qui ont malgré tout pondu cette mise à jour du discours souverainiste.

Il juge néanmoins que le travail doit être repris depuis le début.

«Tout ce qui a été fait avant, bien que ce soit sympathique, on doit de toute façon tout revoir ça pour offrir aux Québécois un parti qui est encore un parti d'innovation et qui va soulever les passions.»

M. Valois, qui avait choisi de quitter la politique en 2007 pour des raisons familiales après un premier mandat de député, pourrait accéder à la présidence du parti sans opposition lors du conseil national qui se tiendra à Québec les 21 et 22 février prochains.

L'ex-député de Mercier Daniel Turp, qui avait publiquement manifesté son intention de devenir candidat à la présidence après sa défaite électorale du 8 décembre, a décidé d'y renoncer, après avoir discuté avec M. Valois et Mme Marois.

Il a choisi de briguer les suffrages au poste de président de la commission politique du PQ.

Celui qui avait lui-même travaillé à la rédaction des documents présentés l'automne dernier ne s'est pas offusqué du dure constat dressé par l'ex-député de Joliette.

«Il y a encore des choses à faire pour mettre à jour ce travail, pour dire ce que la souveraineté permettrait de réussir très concrètement au Québec», a-t-il reconnu.

S'il succède à l'ex-présidente Monique Richard, M. Valois estime qu'il disposera de bien meilleures conditions pour permettre cette modernisation de l'option souverainiste.

«On a plus de temps devant nous, on a un processus de congrès pour mobiliser les militants, on va pouvoir être mieux structurés que ce qu'on a pu faire dans les deux dernières années, ça c'est clair», a-t-il poursuivi, répétant que «c'est un fait que la démarche précédente n'allait pas assez loin.»

L'argumentaire mis en ligne sur le site du PQ en novembre et qui complétait le «manifeste sur la souveraineté», stipulait que «la souveraineté politique est la meilleure façon pour le Québec d'assurer sa souveraineté économique».

Le document précisait aussi que l'actuel contexte de mondialisation devrait favoriser l'option fondamentale du parti.

«Dans l'élan de la mondialisation, seule la souveraineté permet aux nations comme la nôtre de se faire entendre, d'exercer leur influence», pouvait-on lire.

A la question: «Pourquoi faire la souveraineté?», le parti répondait en 12 points, qui reprenaient pour l'essentiel, en la mettant au goût du jour, la rhétorique développée par le parti de René Lévesque depuis 40 ans autour de la nation, de la langue et de la culture propre au Québec.