Les partis d'opposition ont accusé le ministre de la Santé, Yves Bolduc, d'avoir laissé ses fonctionnaires annoncer de nouveaux objectifs de réduction de temps d'attente aux urgences par crainte d'être associé à une promesse non tenue.

Selon le Parti québécois et l'Action démocratique du Québec, le prédécesseur de M. Bolduc avait déjà promis de réduire à zéro les cas de patients obligés de rester sur des civières pendant 48 heures et plus aux urgences, mais sans succès.Les deux partis d'opposition jugent que M. Bolduc a préféré ne pas s'associer au renouvellement de cet objectif qui n'a toujours pas été atteint.

Le péquiste Bernard Drainville a indiqué jeudi que l'ancien ministre de la Santé, Philippe Couillard, avait déjà promis d'éliminer les séjours de 48 heures et plus, durant la période allant de 2005 à 2010.

Selon M. Drainville, le nombre de patients dans ce cas est plutôt en augmentation, après être passé de 25 000 en 2004-2005, à 27 000 en 2008-2009.

«Il y a déjà quatre ans que le ministère de la Santé a pris l'engagement de réduire à zéro le nombre de patients attendant 48 heures et plus à l'urgence, a-t-il dit. Il y a déjà quatre ans qu'il a pris cet engagement-là. Est-ce que l'attente de 48 heures et plus à l'urgence a diminué depuis quatre ans? Non, elle n'a pas diminué, elle a augmenté.»

Mercredi, à Montréal, le Directeur national des urgences, Pierre Savard, et le Directeur général des services de santé et de la médecine universitaire, Michel Bureau, ont fait part des objectifs du ministre de la Santé pour les urgences ainsi que pour la réduction des délais en radiologie.

Ils ont aussi exprimé le souhait de hausser le nombre de chirurgies dans les hôpitaux au cours des prochains mois.

M. Drainville s'est étonné de l'absence du ministre lors du dévoilement de ce qui lui apparaît comme le plan d'action de son ministère pour la prochaine année.

Le porte-parole péquiste du dossier de santé croit que M. Bolduc hésite à «mettre son nom et son visage» sur ces promesses parce qu'il craint de ne pas pouvoir les respecter.

«S'il est vraiment sérieux, il doit se présenter devant la population et prendre lui-même cet engagement-là, a-t-il dit. C'est son autorité, c'est sa compétence comme ministre qui est en cause, c'est son travail.»

L'adéquiste Eric Caire a quant à lui accusé le ministre de s'être dissimulé derrière les fonctionnaires pour se dissocier d'une opération de recyclage d'engagements non tenus.

«On a déjà dit que les patients sur civière pour 48 heures et 72 heures, c'était terminé, a-t-il dit.

Ça n'a pas été livré. Donc, dans ce contexte-là, mettez-vous à la place du ministre Bolduc, est-ce que vous auriez, vous, l'intérêt à vous présenter devant vous, les médias, pour dire:''Je, Yves Bolduc, m'engage à éliminer l'attente de 48 heures dans les urgences d'ici 12 mois''?»

Après les points de presse successifs des deux porte-parole de l'opposition, le bureau de M. Bolduc a annoncé que le ministre convoquait à son tour la presse jeudi après-midi.