Jean Charest fait passer son conseil des ministres de 18 à 26 sièges et les ministres les plus importants échappent au jeu de la chaise musicale.

Monique Jérôme-Forget prêtera sa «sacoche» des finances publiques à une autre Monique. Monique Gagnon-Tremblay qui deviendra sous peu la présidente du Conseil du Trésor, le poste qu'elle avait demandé à Jean Charest, qui a toujours obtempéré aux attentes de sa marraine politique.

Avec la crise économique qui se pointe le nez, les décisions difficiles incontournables, le choix de Mme Gagnon-Tremblay en surprendra plus d'un.

Elle occupait depuis cinq ans le poste bien plus tranquille des Relations internationales. Elle est une inconditionnelle de Jean Charest, son voisin de circonscription, depuis la première heure, et était l'une des rares à l'avoir épaulé aux heures sombres où les conservateurs n'avaient conservé que deux sièges au pays. M. Charest lui a dit non une seule fois; en 2005, elle a dû céder son poste de vice-première ministre à Jacques Dupuis - la négociation s'était terminée très tard. Mme Gagnon-Tremblay avait déjà été au Trésor durant le bref gouvernement de Daniel Johnson en 1994.

Monique Jérôme-Forget avait demandé, indique-t-on, d'être déchargée du Trésor. Elle conserve les Finances avec ce nouveau gouvernement qui, dans la très grande majorité des portefeuilles, a des allures de «copier-coller» par rapport à l'équipe d'avant les élections.

M. Charest plaidera qu'à la veille d'une tempête mondiale, l'heure n'était pas à l'apprentissage pour des nouveaux ministres dans les postes économiques.

Personne n'est rétrogradé, on conserve comme promis la parité hommes-femmes, et on hausse le nombre des ministres de 18 à 26, alors que toutes les analyses laissaient d'abord croire à 24 ministres.

Chez les nouveaux venus, on compte Tony Tomassi qui hérite du portefeuille de la Famille. Dominique Vien, députée de Bellechasse, fera aussi son entrée au Conseil des ministres.

Ainsi, Raymond Bachand reste la valeur sûre au Développement économique. Il estdéchargé du Tourisme où M. Charest envoie une néophyte, Nicole Ménard, élue dans Laporte en 2007.

Deux surprises, deux promotions inattendues pour des recrues qui deviennent immédiatement ministres en titre. Kathleen Weil, nouvelle élue dans Notre-Dame-de-Grâce, devient titulaire de la Justice. Elle a étudié le droit à McGill et obtenu son barreau en 1983. On l'attendait bien davantage dans un poste à profil social.

Pierre Arcand, ancien patron de presse, cause lui aussi une surprise. On l'attendait dans un ministère junior à saveur économique, il remplace Monique Gagnon-Tremblay aux Relations internationales, un poste convoité.

Jacques Dupuis n'avait jamais digéré la perte de son poste de leader parlementaire au profit de Jean-Marc Fournier, en 2007. Il le retrouvera demain. M. Dupuis conserve aussi la Sécurité publique, son premier choix, et se voit aussi confier les Relations intergouvernementales - un secteur où Jean Charest intervient beaucoup.

Lise Thériault, ancienne titulaire de l'Immigration, est ramenée au Conseil des ministres, une décision étonnante parce que beaucoup de membres du gouvernement viennent déjà de la grande région de Montréal. Mme Thériault est affectée aux Services sociaux. Michelle Courchesne conserve quant à elle l'Éducation.

Comme l'indiquait hier La Presse dans beaucoup de portefeuilles importants, Jean Charest a opté pour la continuité plutôt que d'essayer de nouveaux candidats.

Ainsi, comme Mmes Courchesne et Jérôme-Forget, Yves Bolduc reste à son poste à la Santé, Line Beauchamp reste à l'Environnement, Sam Hamad continuera à l'Emploi, Christine St-Pierre demeure à la Culture et aux Communications.

Claude Béchard reste aux Ressources naturelles, en dépit de la charge de travail que cela représente. On lui adjoint  un ministre délégué, soit Serge Simard. Pierre Corbeil, réélu après avoir été battu en 2007, redeviendra ministre et s'occupera des Autochtones, tout comme Robert Dutil, ancien ministre de Robert Bourassa, qui devient ministre du Revenu.

Laurent Lessard conserve l'Agriculture. Yolande James demeure à l'Immigration et aux Communautés culturelles. Marguerite Blais restera la responsable du gouvernement auprès des aînés.

Julie Boulet conserve les Transports, mais on lui adjoint un ministre délégué, Norm MacMillan, vétéran élu depuis 1989 qui représentera l'Outaouais. Nathalie Normandeau conserve les Affaires municipales et le poste de vice-première ministre, et David Whissell, le Travail.

En janvier, M. Charest proposera Yvon Vallières comme président de l'Assemblée nationale.