C'était au tour du ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale de donner une conférence de presse, hier, alors que les rumeurs d'élections provinciales sont à leur plus fort. Le ministre Sam Hamad a dressé un bilan positif du Plan d'action gouvernemental en matière de lutte contre la pauvreté et d'exclusion sociale. Mais pour les groupes qui promeuvent l'égalité sociale, il a plutôt sorti ses «lunettes roses».

Sam Hamad a indiqué que son gouvernement a dépensé 3,3 milliards depuis 2003 pour le plan d'action en question, soit 0,8 milliard de plus que prévu. En cinq ans, le programme d'aide sociale a vu partir 64 000 personnes, dont 24 000 enfants. Pendant ce temps, il a permis aux chefs de famille monoparentale qui s'occupent d'un enfant de trois ans, par exemple, d'augmenter leur revenu de 23%.«La lutte contre la pauvreté est faisable. Nous avons gagné du terrain», a déclaré M. Hamad, en ajoutant qu'«il reste du chemin à faire».

Le ministre a annoncé que le gouvernement reportera d'un an le prochain plan d'action, afin de mener des consultations. «Avec la crise financière, il va falloir des mesures plus que des consultations», a réagi le député péquiste Daniel Turp. Ce dernier a assisté à la conférence de presse, puisqu'elle avait lieu dans sa circonscription, Mercier, chez Jeunesse au Soleil. «Ce n'est pas le temps de déclencher des élections, a plaidé M. Turp. C'est irresponsable.»

De son côté, Ian Renaud-Lauzé, porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté, affirme que M. Hamad a sorti «ses lunettes roses». «Le gros du problème est au niveau des personnes seules.»

Le revenu disponible des personnes sans enfant et aptes au travail a diminué de 5%, a précisé Amélie Chateauneuf, coordonnatrice au Front commun des personnes assistées sociales du Québec (FCPASQ).

En conférence de presse, Sam Hamad était accompagné d'Alain Noël, professeur de sciences politiques à l'Université de Montréal et président du Centre d'étude sur la pauvreté et l'exclusion. Selon lui, les inégalités économiques sont beaucoup moins prononcées au Québec qu'ailleurs au Canada. Et cela est «essentiellement attribuable» aux initiatives gouvernementales. Mais il convient aussi que le sort des familles est meilleur que celui des personnes sans enfant.