L'ex-lieutenant gouverneur du Québec Lise Thibault devra rembourser les sommes dépensées à des fins personnelles au cours de son mandat de dix ans à titre de représentante de la Reine à Québec.

Au terme d'un témoignage émotif de Mme Thibault devant la commission de l'administration publique, les représentants des trois partis à l'Assemblée nationale ont soutenu que, comme gestionnaire, Mme Thibault était responsable de ses décisions, à l'évidence injustifiées.

Le secrétaire général du gouvernement, Gérard Bibeau, avait plus tôt ce matin soutenu que des démarches seraient entreprises auprès de Mme Thibault pour récupérer les fonds publics. Dans son rapport déposé en juin 2007, le Vérificateur général du Québec estimait qu'en dix ans, Mme Thibault avait dépensé 700 000 $ à même les fonds publics à des fins personnelles.

«Toutes les dépenses du côté du Québec doivent être remboursées», à lancé Gilles Taillon, le député adéquiste et président de la Commission de l'administration publique.

Pour la députée péquiste Agnès Maltais, toute cette saga démontre clairement que le lieutenant gouverneur est une institution «archaïque» qui n'a plus sa raison d'être. «C'est impossible à contrôler et il serait temps d'y mettre fin.»

Dans son témoignage, Mme Thibault a maintes fois souligné que sa condition - elle est en chaise roulante depuis 40 ans - nécessitait du personnel et des dépenses supplémentaires.

«Je n'ai jamais eu pitié pour elle dans le passé. Je ne l'ai jamais vue comme une personne handicapée», dira Vincent Auclair, député libéral de Vimont.

Mme Thibault, après avoir longuement rappelé que les gouvernements successifs n'avaient rien eu à lui reprocher, s'est emportée quand les députés lui ont rappelé ses importantes dépenses de voyage.

«Je voulais être le lieutenant gouverneur de tout le Québec, pas de la Ville de Québec ! C'est ce que j'ai fait !», a-t-elle lancé.

Le ton a aussi monté quand la députée péquiste de Taschereau, Agnès Maltais, lui a demandé pourquoi elle avait lié sa nomination à l'après-référendum de 1995. «Vous osez me poser cette question», dira essentiellement Mme Thibault, enragée.

«J'ai servi du mieux que j'ai pu, sans rien compter», a-t-elle lancé. Quand on lui rappelle que le conseil exécutif à Québec et Patrimoine Canada n'inspectaient guère ses dépenses, elle rétorque : «Ils n'avaient qu'à s'ouvrir les yeux !».

Pour Gilles Taillon, le président de la commission parlementaire, «on a maintenant une idée claire, on sait que la responsabilité appartient à l'ex-gouverneur général qui était responsable de son bureau». Aussi, les organismes chargés de la contrôler n'ont pas fait preuve de vigilance.