Il serait «irresponsable» que le premier ministre déclenche des élections en cette période économique trouble, juge la chef du Parti québécois, Pauline Marois. Du même souffle, elle affirme qu'un gouvernement péquiste serait davantage en mesure de faire face à la crise que les libéraux de Jean Charest.

«S'il n'est pas capable d'être à la barre, moi, je suis capable de la reprendre, a dit la chef péquiste, hier. Nous avons eu, comme formation politique, à affronter deux moments très difficiles lorsque nous étions au pouvoir. Le Parti québécois a de l'expérience à cet égard-là.»

 

Mme Marois a rappelé que c'est son parti qui était à la tête du gouvernement pendant la récession de 1981-1982, et en 2001, lorsque l'économie américaine a vacillé après les attentats contre le World Trade Center. «Le Québec s'est mieux sorti de ces moments difficiles que les autres économies», a-t-elle affirmé.

Bien qu'elle soutienne que son parti est prêt, elle exhorte tout de même le premier ministre à ne pas déclencher de campagne électorale dans les prochains jours. «M. Charest, vous seriez complètement irresponsable d'appeler les Québécois aux urnes au moment où ils sont inquiets pour leur emploi, leur épargne et leur avenir. Pendant que des gens sont menacés de perdre leur emploi, Jean Charest, lui, ne pense qu'à garder le sien, a souligné Mme Marois. La population attend de nous des solutions concrètes devant les problèmes qui risquent de nous tomber dessus. Je crois qu'il faut davantage s'occuper du sort de nos concitoyens, du sort de nos entreprises et tenter de trouver les meilleures solutions possible pour affronter la tempête qui nous guette.»

Discours survolté

Rassemblés pour la conférence nationale des présidents, les militants du PQ ont passé l'après-midi à se préparer à d'éventuelles élections générales, qui pourraient encore avoir lieu cet automne, selon eux.

Devant près de 500 militants, dans un discours survolté à saveur électorale, Mme Marois a accusé le gouvernement de Jean Charest d'avoir «mal préparé le Québec à l'éventualité de situations difficiles». «Le gouvernement n'a pas pris et ne prend pas les mesures qui nous permettraient de passer à travers cette crise. Le gouvernement a été incapable de gérer la crise du fromage, imaginez la crise financière», a-t-elle lancé.

«Il (Jean Charest) pense qu'on va passer à travers une crise d'envergure mondiale en pavant les routes», a-t-elle ajouté avec dérision, en référence aux investissements que fait le gouvernement dans les infrastructures dans l'espoir de favoriser la croissance économique au Québec. Pour la chef péquiste, le gouvernement libéral «traîne les pieds», gère «à la petite semaine» et selon «la loi du moindre effort».

Un gouvernement du Parti québécois s'engage à faire adopter une Constitution québécoise, à renforcer la loi 101, à défendre «avec intransigeance» les champs de compétence du Québec, à récupérer tous les pouvoirs en matière de langue, de culture, de communications, d'immigration et de relations internationales, ainsi qu'à mettre fin au pouvoir fédéral de dépenser, a dit Mme Marois.

Manifeste pour la souveraineté

Le parti a aussi présenté hier son manifeste pour la souveraineté, qui reprend en deux petites pages les principaux arguments entendus depuis 40 ans pour promouvoir l'accession du Québec au statut de pays: langue, identité, culture, souveraineté économique et responsabilité environnementale.

Les militants péquistes adopteront aujourd'hui l'argumentaire plus détaillé qui servira à «remobiliser les Québécois» autour du projet souverainiste.