La chef du Parti québécois, Pauline Marois, est prête à accueillir à bras ouverts d'éventuels transfuges adéquistes qui feraient acte de foi en faveur de la souveraineté.

«Nous sommes un parti souverainiste. Nous avons un certain nombre de valeurs auxquelles nous croyons. Si des gens qui viennent de l'ADQ ou même d'autres formations politiques sont prêts à endosser cette orientation, moi, je suis prête à les accueillir», a souligné Mme Marois, hier, en marge de la conférence nationale des présidents du Parti québécois.

 

À la suite de la défection de deux élus du parti de Mario Dumont, qui ont rejoint cette semaine le camp du chef libéral Jean Charest, le statut d'opposition officielle de l'ADQ est fragilisé, ce qui fait saliver de nombreux péquistes. À l'Assemblée nationale, les adéquistes ne comptent plus que 39 députés, et le Parti québécois en a 36.

Des députés adéquistes ont admis que des organisateurs du PQ les avaient courtisés, mais Mme Marois nie avoir commandé ce maraudage.

«Je n'ai pas donné de mandat pour qu'une telle démarche soit faite, a dit la chef péquiste. Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas des gens dans les organisations, sur le terrain, qui connaissent bien certains de ces députés, dans les comtés, et qui pourraient souhaiter leur venue, sachant que ce sont des gens qui ont manifesté leur appui à la souveraineté à un moment ou un autre de leur carrière.»

Deux députés dont les noms ont circulé dans les derniers jours, Éric Laporte (L'Assomption) et François Benjamin (Berthier) ont réitéré hier leur profession de foi envers l'ADQ.

Les péquistes favorables

Dans les troupes péquistes, plusieurs n'auraient pas d'objection à agrandir le caucus, pourvu que les allégeances des transfuges soient claires.

«Le Parti québécois est le parti des souverainistes. On va accueillir tous les souverainistes qui voudront bien venir nous rejoindre, de quelque horizon qu'ils viennent», a souligné le député de Marie-Victorin, Bernard Drainville.

Marc Laviolette, président du SPQ-libre, l'aile gauche du parti, croit pour sa part que le recrutement d'adéquistes ne pourrait que donner des munitions au PQ. «Ce serait bon. Si ça se produisait, ça donnerait un élan au Parti québécois, qui pourrait devenir l'opposition officielle. Et ça consacrerait la chute de Mario Dumont, qui s'est trompé en appuyant Stephen Harper pendant les élections fédérales», a estimé M. Laviolette.

De son côté, le leader du PQ, Stéphane Bédard, a refusé de dire s'il était au courant de tentatives de démarchage auprès d'élus adéquistes et préfère se concentrer sur des préoccupations économiques.

Perte de temps, selon l'ADQ

Pour le leader parlementaire de l'ADQ, Sébastien Proulx, le Parti québécois «perd son temps» en tentant de débaucher des députés adéquistes, car le caucus est «très uni».

La déclaration de Pauline Marois n'est «pas noble», selon lui, et envoie «le signal que ses affaires ne vont pas très bien». «Je ne trouve pas chic que, en plein milieu d'un congrès du PQ, Mme Marois dise: je suis prête à prendre à peu près n'importe qui», a-t-il lancé. M. Proulx a dû par la suite revenir sur ses propos et préciser que l'ADQ ne compte pas «à peu près n'importe qui» dans ses rangs.

Avec Tommy Chouinard