Pour la quatrième fois en moins de sept mois, un député du Parti libéral, élu en mars 2007, quitte le navire avant la fin de son mandat. Russell Copeman, député de Notre-Dame-de-Grâce depuis 1994, a démissionné de son poste à l'Assemblée nationale, hier, privant le Parlement québécois d'un de ses rares députés anglophones.

«Ça prend énormément de passion pour bien s'acquitter des fonctions de député. Je sens en moi moins de passion qu'auparavant. La flamme n'est pas éteinte, mais elle ne brûle pas aussi intensément. Et, quand on se rend compte de cela, il est le temps de partir», a souligné M. Copeman, la voix nouée par l'émotion, dans son discours d'adieu.

Président de la Commission des affaires sociales de 2003 à 2007, adjoint parlementaire du ministre de la Santé depuis les élections de mars 2007, il deviendra, dès la semaine prochaine, vice-recteur de l'Université Concordia, responsable des relations gouvernementales. N'ayant jamais fait partie du Conseil des ministres, il n'est pas tenu d'attendre deux ans avant de pouvoir agir comme lobbyiste auprès des différents gouvernements.

Considéré comme un représentant de l'aile gauche, progressiste, de son parti, il a largement travaillé depuis son arrivée au parlement à défendre ceux dont la voix est rarement entendue: les handicapés, les sans-abri, les plus démunis, provenant lui-même d'un milieu familial modeste.

Le député au franc-parler était fort apprécié de ses collègues, dont quelques-uns, fait rarissime, ont fait la queue pour venir lui rendre hommage auprès des journalistes à la sortie de la Chambre.

Le premier ministre lui a aussi exprimé son admiration dans un vibrant discours en Chambre. «C'est un grand libéral et un profond humaniste qui nous quitte aujourd'hui. Et il a toujours cru au leadership du Québec, parce que c'est également un francophile, c'est un homme qui croit profondément dans ce que nous sommes, nous, Québécois», a dit Jean Charest.

Au moment de la formation d'un Conseil des ministres réduit, au printemps 2007, des critiques s'étaient élevées sur le manque de représentants de la communauté anglophone au sein du cabinet. Plusieurs voyaient en M. Copeman un candidat potentiel à un poste de ministre.

Rendant hommage au député démissionnaire, le leader du Parti québécois, Stéphane Bédard est même allé jusqu'à affirmer que M. Copeman «aurait effectivement fait un bon ministre». Mais le principal intéressé s'est bien défendu de quitter ses fonctions déçu de n'avoir jamais percé le cabinet.

«Je ne me suis pas présenté en politique pour devenir ministre. Je me suis impliqué pour représenter mes électeurs au meilleur de mes capacités et pour contribuer à la société québécoise, a souligné M. Copeman. J'aurais aimé avoir d'autres fonctions, mais je ne suis pas amer.»

Ses collègues Geoffrey Kelley et Lawrence Bergman ont souhaité qu'un nouveau député issu de la communauté anglophone lui succède dans Notre-Dame-de-Grâce, soucieux de préserver un Parlement représentatif de la diversité de la société québécoise.

Depuis avril dernier, trois autres députés libéraux ont quitté leurs fonctions à Québec. Le député Roch Cholette, au printemps dernier, suivi du ministre de la Santé Philippe Couillard en juin, et du président de l'Assemblée nationale, Michel Bissonnet, qui a démissionné en septembre de son poste de député.

À l'automne 2007, deux péquistes avaient claqué la porte, Diane Lemieux, et André Boisclair. Seule l'ADQ a maintenu intact son caucus élu le 26 mars 2007.